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    nRegards sur le Numérique -Sponsorisé Les représentations d’Internet dans la littérature, au cinéma et à la télévision se sont multipliées, devenant de plus en plus précises, totales… et parfois dystopiques.  la publication de Regards sur le Numérique.

     
    n Hackers, mondes virtuels et histoires d’amour : Internet vu par la SF
     
     
     

    À en croire certains, Mark Twain aurait décrit les prémices d’Internet dans sa nouvelle “From The ‘London Times’ in 1904” où il fait référence à un “telectroscope” capable de se connecter à un réseau international de communications. Or c’est bien en 1984 qu’Internet fait son apparition dans la science-fiction. Dans le désormais culte roman Neuromancien, l’Américain William Gibson décrit le “cyberespace” (terme apparu déjà dans l’un de ses ouvrages en… 1982) comme une « hallucination consensuelle vécue quotidiennement en toute légalité par des dizaines de millions d’opérateurs, dans tous les pays […]. Une représentation graphique de données extraites des mémoires de tous les ordinateurs du système humain […] des amas et des constellations de données. Comme les lumières de villes, dans le lointain. » Cette vision inspirera d’ailleurs le célèbre manifeste libertaire de John Perry Barlow, posant les jalons d’un Internet libre, où chacun peut être qui il souhaite, au-delà des frontières géographiques et physiques.

    A lire Le présent s’écrit au futur

    Mais Internet n’est plus forcément la terre de cocagne imaginée par Barlow. L’auteur français de science-fiction Alain Damasio reprend même dans sa nouvelle fantastique “So Phare away” (2015) la métaphore de Neuromancienen décrivant un réseau de phares saturé de lumières pour évoquer l’infobésité dont peuvent souffrir certains internautes.

    Parallèlement, au fil des années, les représentations d’Internet dans la littérature, au cinéma et à la télévision se sont multipliées, devenant de plus en plus précises, totales… et parfois dystopiques. Car la manière dont on représente ce grand réseau invisible dans la science-fiction renseigne sur les peurs et les fantasmes qui nous agitent quand on navigue sur la Toile.

     Le hacker, héros épique

     

    Ghost in the Shell, 2017

    Pendant longtemps, la figure du geek asocial a été indissociable des représentations d’Internet dans la fiction. On ne compte en effet plus le nombre de séries ou de films où l’expert informatique pianote comme un fou pour sauver le monde… sans qu’on ne comprenne rien à sa manœuvre. Les nostalgiques des années 1990 se souviendront par exemple de Sandra Bullock dans The Net (en français : Panique sur Internet)où elle campe une ingénieure informatique prise au piège par une conspiration de hackers qui veulent créer le chaos aux États-Unis. Employée zélée (elle emporte son ordinateur sur la plage), elle est la seule à pouvoir les arrêter.

     n The Net 1995 Full Movie ,  The Net Movie HD (New Action Movie 2017), The Net 1995 -full movie

    Cette image de héros très discret a par ailleurs longtemps cohabité avec une perception erronée des hackers. Jusqu’à peut-être l’arrivée des Anonymous, pour le grand public, le hacker était un grand méchant masqué qui allait pirater nos adresses mail et revendre nos données. La science-fiction, elle, avait compris que le pirate pouvait être un héros. Les intrigues du genre rejouent d’ailleurs souvent David contre Goliath : un hacker affronte une multinationale et se retrouve catapulté en héros en raison des compétences qu’il est seul à détenir pour inverser la vapeur.

    Best Action Movies 2016 || The Social Network 2010 || Favourite Cinema Movies Action High Rated IMDB

    Dans le manga japonais Ghost in the Shell, l’entreprise Anka Robotics réécrit les souvenirs des humains qui ont fusionné leurs cerveaux avec des ordinateurs, laissant l’opportunité à des hackers talentueux de pirater ces cerveaux cybernétiques pour imposer leur volonté. Dans la série Mr. Robot, dont la première saison est sortie en 2015, le jeune informaticien Elliot Alderson se bat contre E Corp, un conglomérat de la finance mondiale. Une oeuvre d’autant plus clairvoyante qu’elle fait écho à nos propres délires paranoïaques dans une ère post-Snowden où l’hyper-surveillance résume nos existences à des agrégats de données manipulables et nous plonge dans un état de profonde vulnérabilité .

    Plus intéressant encore, dans ces récits, le hacker lui-même est vulnérable. En parfait anti-héros, il est souvent asocial, isolé et en proie à toutes formes d’addictions (comme le personnage de Mr. Robot). Cette solitude et cette fragilité reflètent les nôtres et inspirent à leur tour d’autres œuvres de science-fiction, dans lesquelles Internet nous aide à affronter à nos démons.

     Liaisons numériques

     

    Black Mirror, "Nosedive", Saison 3 épisode 1, 2016.

    Il suffit en effet de regarder la série britannico-américaine Black Mirror pour comprendre à quel point Internet s’est déjà imbriqué dans le monde réel, et notamment dans nos vies sociales et amoureuses. Dans l’épisode final de la saison 2, un personnage joué par John Hamm, accusé de complicité de meurtre, est ainsi condamné par un tribunal à être “bloqué” : il devient invisible à toutes les personnes qui le rencontrent dans la rue. Prenant à rebrousse poil l’idée que les réseaux sociaux nous rapprochent et apaisent notre solitude, Black Mirror explore les dérives des nouvelles normes sociales imposées par des lignes de code.

     


     Black Mirror trailer

     

    nBlack Mirror ITA - 15 milioni di celebrità , 6/11/2016 Jeux vidéo : les nouveaux maîtres du monde

    Le premier épisode de la saison 4, “Nosedive”, pousse à l’extrême le système de notation/réputation né avec la sharing economy. En effet, il dépeint une société où les citoyens sont sommés de noter en permanence leurs interactions sociales. Chacun se voit attribuer une note globale qui vous définit votre statut hiérarchique, un bon classement permettant par exemple d’emprunter à un taux avantageux ou de voyager en classe affaires. Ce thème de la fin de la spontanéité, on le retrouve également dans Enjoy, de l’écrivain française Solange Bied-Charreton, où Charles, le personnage principal, nourrit une passion pour le réseau social ShowYou, équivalent fictif de Facebook, au point que l’image qu’il se construit sur celui-ci devient plus importante que sa vraie vie.

    Et puis, la vulnérabilité ultime c’est, paradoxalement, la mort du hasard. La science-fiction dessine les contours d’un quotidien de plus en plus prévisible, où les algorithmes nous enferment dans des bulles de filtres devançant nos moindres souhaits. Or, la chance, le hasard, l’accident, pourrait être l’ingrédient nécessaire à la vraie rencontre. Dans Her, le personnage de Joaquin Phoenix, à la fois coeur brisé et coeur d’artichaut, réalise que l’intelligence artificielle dont il est éperdument tombé amoureux n’est autre que le reflet de ses préférences personnelles. La voix de Scarlett Johansson est en effet programmée pour aimer tout ce qu’il aime, et il n’y a plus d’altérité possible.

     

     Réalité augmentée ou invisible ?

     

    The Matrix, 1999

    Plus ou moins subtilement, ce que nous dit la science-fiction, c’est qu’il est fini le temps où Internet était un ailleurs (une “toile”), un espace d’évasion (où l’on “surfe”). Devenu indissociable de la réalité, Internet est quasiment invisible. Dans la culture visuelle, plus besoin d’ordinateurs ou d’écrans pour être connecté : il suffit de brancher une interface quasi organique, un pod sur la nuque, comme dans Existenz de David Cronenberg. Dans The Matrix, la distinction binaire entre virtuel et réel vole carrément en éclats : la matrice est en fait une réalité simulée par une machine. De quoi donner raison à Elon Musk quand il affirme que nous vivons très certainement dans une simulation informatique ultra-réaliste…


    eXistenZ part 1 of 10 - YouTube

    Cette vision, aussi dystopique et terrifiante semble-t-elle, ouvre quand même une hypothèse pertinente : et si Internet nous reliait à nos émotions ? Dans un monde réel devenu à la fois paranoïaque et obsédé par le contrôle, la technologie nous permet de ressentir des choses jusque-là inédites. Dans la série West World, adaptée du film éponyme sorti en 1973, des gens fortunés en mal de frissons viennent vivre leurs fantasmes d’Eros et Thanatos dans une simulation de Far West où tout vice est permis. La série Sense8, elle, repose sur une métaphore : Internet devient un cluster sensoriel dans lequel vous êtes connecté aux pensées mais aussi au corps des autres, actant une fusion inédite entre l’humain et la technologie, plus sensuelle, organique, et qui au final nous rapproche les uns des autres. Et c’est là, en regardant Netflix, que vous vous rendez compte du phénomène d’inception : vous regardez une série sur Internet tout en étant branché sur Internet sans même vous en être rendu compte. Vous êtes la Toile.

    Ce film se rapproche de l'actualité. Ainsi Gin Liu Chou et 2 autres personnes ont partagé un lien.

    Un nouveau rapport montre l’ensemble des façons dont les robots sexuels pourraient être utilisés dans la société. HUMANOIDES.FR
     They Live , Intelligence artificielle - L'influx  - PAR EDITH

    Le jour où l'intelligence artificielle a dépassé le meilleur humain
    Etienne Henri 

    14/08/2016 "Comment vivre avec les robots "

    real humans : citoyen actifLes cyberattaques de plus en plus dures à parer, selon le FBI

    La Fontaine de Jouvence 

    Notre avenir en pièces détachées Créé le mercredi 17 mai 2017  03/05/2015 Globalia. JC RuffinLe meilleur des Mondes Par Enkolo dansAccueil le révolutions technologiqueLa montée en puissance des robots (intelligence artificielle)They Live , Princesses, pop stars & girl power , eXistenZ Par Enkolo dans Accueil le 13 Août 2016 , Fight Club Par Enkolo dans Accueil le 8 Octobre 2016


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    André Gorz

     

    La sortie du capitalisme a déjà commencé

    Version en ligne sur le site d’ÉcoRev

    et publiée dans Écologica (Galilée, 2008)

     

    Photo 058.jpgLa question de la sortie du capitalisme n’a jamais été plus actuelle. Elle se pose en des termes et avec une urgence d’une radicale nouveauté. Par son développement même, le capitalisme a atteint une limite tant interne qu’externe qu’il est incapable de dépasser et qui en fait un système qui survit par des subterfuges à la crise de ses catégories fondamentales : le travail, la valeur, le capital.

     

    La crise du système se manifeste au niveau macro-économique aussi bien qu’au niveau micro-économique. Elle s’explique principalement par un bouleversement technoscientifique qui introduit une rupture dans le développement du capitalisme et ruine, par ses répercussions, la base de son pouvoir et sa capacité de se reproduire. J’essaierai d’analyser cette crise d’abord sous l’angle macro-économique [1], ensuite dans ses effets sur le fonctionnement et la gestion des entreprises [2].

     

    1. L’informatisation et la robotisation ont permis de produire des quantités croissantes de marchandises avec des quantités décroissantes de travail. Le coût du travail par unité de produit ne cesse de diminuer et le prix des produits tend à baisser. Or plus la quantité de travail pour une production donnée diminue, plus le valeur produite par travailleur – sa productivité – doit augmenter pour que la masse de profit réalisable ne diminue pas.
    2. On a donc cet apparent paradoxe que plus la productivité augmente, plus il faut qu’elle augmente encore pour éviter que le volume de profit ne diminue. La course à la productivité tend ainsi à s’accélérer, les effectifs employés à être réduits, la pression sur les personnels à se durcir, le niveau et la masse des salaires à diminuer. Le système évolue vers une limite interne où la production et l’investissement dans la production cessent d’être assez rentables.

     

    En Chine, aux Philippines ou au Soudan, les chiffres attestent que cette limite est atteinte. L’accumulation productive du capital productif ne cesse de régresser. Aux États-Unis, les cinq cents firmes de l’indice Standard & Poor’s disposent de 631 milliards de réserves liquides ; la moitié des bénéfices des entreprises américaines provient d’opérations sur les marchés financiers. En France, l’investissement productif des entreprises du CAC 40 n’augmente pas même quand leurs bénéfices explosent.

     

    La production n’étant plus capable de valoriser l’ensemble des capitaux accumulés, une partie croissante de ceux-ci conserve la forme de capital financier. Une industrie financière se constitue qui ne cesse d’affiner l’art de faire de l’argent en n’achetant et ne vendant rien d’autre que diverses formes d’argent. L’argent lui-même est la seule marchandise que l’industrie financière produit par des opérations de plus en plus hasardeuses et de moins en moins maîtrisables sur les marchés financiers. La masse de capital que l’industrie financière draine et gère dépasse de loin la masse de capital que valorise l’économie réelle (le total des actifs financiers représente 160 000 milliards de dollars, soit trois à quatre fois le PIB mondial). La « valeur » de ce capital est purement fictive : elle repose en grande partie sur l’endettement et le good will, c’est-à-dire sur des anticipations : la Bourse capitalise la croissance future, les profits futurs des entreprises, la hausse future des prix de l’immobilier, les gains que pourront dégager les restructurations, fusions, concentrations, etc. Les cours de Bourse se gonflent de capitaux et de leurs plus-values futures et les ménages se trouvent incités par les banques à acheter (entre autres) des actions et des certificats d’investissement immobilier, à accélérer ainsi la hausse des cours, à

    emprunter à leur banque des sommes croissantes à mesure qu’augmente leur capital fictif boursier.

     

     

    C’est l’exemple non pas d’une dérive d’un homme, mais d’un système. La crise des subprime a révélé le scandale, lorsque l’appât du gain de ces clients ( banques et clients) en cherchant a retirer leurs sous, ont eu des pertes

     

     

    On a beau accuser la spéculation, les paradis fiscaux, l’opacité et le manque de contrôle de l’industrie financière – en particulier des hedge funds –, la menace de dépression, voire d’effondrement qui pèse sur l’économie mondiale n’est pas due au manque de contrôle ; elle est due à l’incapacité du capitalisme de se reproduire. Il ne se perpétue et ne fonctionne que sur des bases fictives de plus en plus précaires. Prétendre redistribuer par voie d’imposition les plus-values fictives des bulles précipiterait cela même que l’industrie financière cherche à

    éviter : la dévalorisation de masses gigantesque d’actifs financiers et la faillite du système bancaire.

     

     

    La « restructuration écologique » ne peut qu’aggraver la crise du système. Il est impossible d’éviter une catastrophe climatique sans rompre radicalement avec les méthodes et la logique économique qui y mènent depuis cent cinquante ans. Si on prolonge la tendance actuelle, le PIB mondial sera multiplié par un facteur trois ou quatre d’ici à l’an 2050. Or selon le rapport du Conseil sur le climat de l’ONU, les émissions de CO2 devront diminuer de 85 % jusqu’à cette date pour limiter le réchauffement climatique à 2°C au maximum. Au-delà de 2°C,

     

     

    les conséquences seront irréversibles et non maîtrisables.

    La décroissance est donc un impératif de survie. Mais elle suppose une autre économie, un autre style de vie, une autre civilisation, d’autres rapports sociaux. En leur absence, l’effondrement ne pourrait être évité qu’à force de restrictions, rationnements, allocations autoritaires de ressources caractéristiques d’une économie de guerreLa sortie du capitalisme aura donc lieu d’une façon ou d’une autre, civilisée ou barbare. La question porte seulement sur la forme que cette sortie prendra et sur la cadence à laquelle elle va s’opérer. »

     

     

     

    La forme barbare nous est déjà familière. Elle prévaut dans plusieurs régions d’Afrique, dominées par des chefs de guerre, par le pillage des ruines de la modernité, les mas - sacres et trafics d’êtres humains, sur fond de famine. Les trois Mad Max étaient des récits d’anticipation. Une forme civilisée de la sortie du capitalisme, en revanche, n’est que très rarement envisagée. L’évocation de la catastrophe climatique qui menace conduit généralement à envisager un nécessaire « changement de mentalité », mais la nature de ce changement, ses conditions de possibilité, les obstacles à écarter semblent défier l’imagination. Envisager une autre économie,

    d’autres rapports sociaux, d’autres modes et moyens de production et modes de vie passe pour « irréaliste », comme si la société de la marchandise, du salariat et de l’argent était indépassable.

     

    En réalité une foule d’indices convergents suggèrent que ce dépassement est déjà amorcé et que les chances d’une sortie civilisée du capitalisme dépendent avant tout de notre capacité à distinguer les tendances et les pratiques qui en annoncent la possibilité.

     

    2. Le capitalisme doit son expansion et sa domination au pouvoir qu’il a pris en l’espace d’un siècle sur la production et la consommation à la fois. En dépossédant d’abord les ouvriers de leurs moyens de travail et de leurs produits, il s’est assuré progressivement le monopole des moyens de production et la possibilité de subsumer le travail. En spécialisant, divisant et mécanisant le travail dans de grandes installations, il a fait des travailleurs les appendices des mégamachines du capital. Toute appropriation des moyens de production par les producteurs en devenait impossible. En éliminant le pouvoir de ceux-ci sur la nature et la destination des

    produits, il a assuré au capital le quasi-monopole de l’offre, donc le pouvoir de privilégier dans tous les domaines les productions et les consommations les plus rentables, ainsi que le pouvoir de façonner les goûts et désirs des consommateurs, la manière dont ils allaient satisfaire leurs besoins. C’est ce pouvoir que la révolution informationnelle commence de fissurer.

     

    Dans un premier temps, l’informatisation a eu pour but de réduire les coûts de production.

    Pour éviter que cette réduction des coûts entraîne une baisse correspondante du prix des marchandises, il fallait, dans toute la mesure du possible, soustraire celles-ci aux lois du marché.

     

    Cette soustraction consiste à conférer aux marchandises des qualités incomparables grâce auxquelles

    elles paraissent sans équivalent et cessent par conséquent d’apparaître comme de simples marchandises.

    La valeur commerciale (le prix) des produits devait donc dépendre davantage de leurs qualités immatérielles non mesurables que de leur utilité (valeur d’usage) substantielle. Ces qualités immatérielles – le style, la nouveauté le prestige de la marque, le rareté ou « exclusivité » – devaient conférer aux produits un statut comparable à celui des oeuvres d’art : celles-ci ont une valeur intrinsèque, il n’existe aucun étalon permettant d’établir entre elles un rapport d’équivalence ou « juste prix ». Ce ne sont donc pas de vraies marchandises. Leur prix dépend

    de leur rareté, de la réputation du créateur, du désir de l’acheteur éventuel.

     

     Les qualités immaté - rielles incomparables procurent à la firme productrice l’équivalent d’un monopole et la possibilité de s’assurer une rente de nouveauté, de rareté, d’exclusivité. Cette rente masque, compense

    et souvent surcompense la diminution de la valeur au sens économique que la baisse des coûts de production entraîne pour les produits en tant que marchandises par essence échangeable entre elles selon leur rapport d’équivalence. Du point de vue économique, l’innovation ne crée donc pas de valeur ; elle est le moyen de créer de la rareté, source de rente, et d’obtenir un surprix au détriment des produits concurrents. La part de la rente dans le prix d’une marchandise peut être dix, vingt ou cinquante fois plus grand que son coût de revient, et cela ne vaut pas seulement pour les articles de luxe ; cela vaut aussi bien pour des articles d’usage courant comme les

    baskets, T-shirts, portables, disques, jeans, etc.

     

    Or la rente n’est pas de même nature que le profit : elle ne correspond pas à la création d’un surcroît de valeur, d’une plus-value. Elle redistribue la masse totale de le valeur au profit des entreprises rentières et aux dépends des autres ; elle n’augmente pas cette masse 1.

     

    Lorsque l’accroissement de la rente devient le but déterminant de la politique des firmes – plus important que le profit qui, lui, se heurte à la limite interne indiquée plus haut – la concurrence entre les firmes porte avant tout sur leur capacité et rapidité d’innovation. C’est d’elle que dépend avant tout la grandeur de leur rente. Elles cherchent donc a se surpasser dans le lancement de nouveaux produits ou modèles ou styles, par l’originalité du design, par l’inventivité de leurs campagnes de marketing, par la « personnalisation » des produits.

     

    L’accélération de l’obsolescence, qui va de pair avec la diminution de la durabilité des produits et de la possibilité de les réparer, devient le moyen décisif d’augmenter le volume des ventes. Elle oblige les

    firmes à inventer continuellement des besoins et des désirs nouveaux, à conférer aux marchandises une valeur symbolique, sociale, érotique, à diffuser une « culture de la consommation » qui mise sur l’individualisation, la singularisation, la rivalité, la jalousie, bref sur ce que j’ai appelé ailleurs la « socialisation antisociale ».

     

    Tout s’oppose dans ce système à l’autonomie des individus ; à leur capacité de réfléchir ensemble à leurs fins communes et à leurs besoins communs ; de se concerter sur la meilleure manière d’éliminer les gaspillages, d’économiser les ressources, d’élaborer ensemble, en tant que producteurs et consommateurs, une norme commune du suffisant – de ce que Jacques Delors appelait une « abondance frugale ». De toute évidence, la rupture avec la

     

    1 La valeur travail est une idée d’Adam Smith qui voyait dans le travail la substance commune de toutes les marchandises et pensait que celles-ci s’échangeaient en proportion de la quantité de travail qu’elles contenaient. La valeur travail n’a rien à voir avec ce qu’on entend par là aujourd’hui et qui (chez Dominique Méda entre autres) devrait être désigné comme travail valeur (valeur morale, sociale, idéologique etc.).

     

    Marx a affiné et retravaillé la théorie d’Adam Smith. En simplifiant à l’extrême, on peut résumer la notion économique de valeur en disant : une entreprise crée de la valeur dans la mesure où elle produit une marchandise vendable avec du travail pour la rémunération duquel elle met en circulation (crée, distribue,) du pouvoir d’achat. Si son activité n’augmente pas la quantité d’argent en circulation elle ne crée pas de valeur. Si son activité détruit de l’emploi elle détruit de la valeur. La rente de monopole consomme de la valeur créée par ailleurs et se l’approprie. Les services à la personne ne créent pas de valeur mais en redistribuent. tendance au « produire plus, consommer plus » et la redéfinition autonome d’un modèle de vie visant à faire plus et mieux avec moins, suppose la rupture avec une civilisation où on ne produit rien de ce qu’on consomme et ne consomme rien de ce qu’on produit ; où producteurs et consommateurs sont séparés et où chacun s’oppose à lui-même en tant qu’il est toujours l’un et l’autre à la fois ; où tous les besoins et tous les désirs sont rabattus sur le besoin de gagner de l’argent et le désir de gagner plus ; où la possibilité de l’autoproduction pour l’autoconsommation semble hors de portée et ridiculement archaïque – à tort.

     

    Et pourtant, la « dictature sur les besoins » perd de sa force. L’emprise que les firmes exercent sur les consommateurs devient plus fragile en dépit de l’explosion des dépenses pour le marketing et la publicité. La tendance à l’autoproduction regagne du terrain en raison du poids croissant qu’ont les contenus immatériels dans la nature des marchandises. Le monopole de l’offre échappe petit à petit au capital.

     

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    « La capitalisation des anticipations de profit et de croissance entretien l’endettement croissant, alimente l’économie en liquidités dues au recyclage bancaire de plus-value fictives, et permet aux États-Unis une « croissance économique » qui, fondée sur l’endettement intérieur et extérieur, est de loin le moteur principal de la croissance mondiale (y compris de la croissance chinoise). L’économie réelle devient un appendice des bulles spéculatives entretenues par l’industrie financière. Jusqu’au moment, inévitable, où les bulles éclatent, entraînent les banques dans des faillites en chaîne, menaçant le système mondial de crédit d’effondrement, l’économie réelle d’une dépression sévère et prolongée (la dépression japonaise dure depuis bientôt quinze

    ans).

     

     Pendant « la crise » le versement des dividendes continue : 37,3 milliards d'euros pour les actionnaires au titre de l'année 2011

     Malgré la crise, les grandes entreprises françaises cotées devraient verser 37,3 milliards de dividendes à leurs actionnaires au titre de l'année 2011, contre 40,2 milliards pour 2010...

     

    Avec vingt enveloppes de dividendes en hausse contre seulement sept en baisse et o...nze stables, les entreprises du CAC 40 vont largement continuer à soigner leurs actionnaires en 2012, en dépit de la dégradation de la conjoncture économique.

    Selon les prévisions publiées récemment par le quotidien économique « Les Echos », dix champions français tiennent le haut du tableau:
    1. Total: 5,38 milliards d'euros
    2. France Telecom-Orange: 3,71 milliards d'euros
    3. Sanofi-Aventis: 3,48 milliards d'euros
    4. GDF-Suez: 3,38 milliards d'euros
    5. EDF: 2,13 milliards d'euros
    6. BNP Paribas: 1,98 milliard d'euros
    7. Vivendi: 1,81 milliard d'euros
    8. Axa: 1,63 milliard d'euros
    9. LVMH: 1,22 milliard d'euros
    10. L'Oréal: 1,17 milliard d'euros

    D'après « Les Echos », si les champions français peuvent se permettre de soigner leurs actionnaires, c'est d'abord parce que leurs résultats ont bien résisté en 2011. Les bénéfices se situeraient globalement autour de 86 milliards d'euros, c'est à dire quasiment stables (- 0,2 %) d'une année à l'autre

     

    Il n’est pas difficile de privatiser et de monopoliser des contenus immatériels aussi longtemps que connaissances, idées, concepts mis en oeuvre dans la production et dans la conception des marchandises étaient définis en fonction de machines et d’articles dans lesquels ils étaient incorporés en vue d’un usage précis. Machines et articles pouvaient être brevetés et la position de monopole protégée. La propriété privée de connaissances et de concepts était rendue possible par le fait qu’ils étaient inséparables des objets qui les matérialisaient. Ils étaient une composante du capital fixe.

     

    Mais tout change quand les contenus immatériels ne sont plus inséparables des produits qui les contiennent ni même des personnes qui les détiennent ; quand ils accèdent a une existence indépendante de toute utilisation particulière et qu’ils sont susceptibles, traduits en logiciels, d’être reproduits en quantités illimitées pour un coût infime. Ils peuvent alors devenir un bien abondant qui, par sa disponibilité illimitée, perd toute valeur d’échange et tombe dans le domaine public comme bien commun gratuit – à moins qu’on ne réussisse à l’en empêcher en en interdisant l’accès et l’usage illimités auxquels il se prête.

     

    Le problème auquel se heurte « l’économie de la connaissance » provient du fait que la dimension immatérielle dont dépend le rentabilité des marchandises n’est pas, à l’âge de l’informatique, de la même nature que ces dernières : elle n’est la propriété privée ni des entreprises ni des collaborateurs de celles-ci ; elle n’est pas, de par sa nature privatisable, et ne peut, par conséquent, devenir une vraie marchandise. Elle peut seulement être déguisée en propriété privée et marchandise en réservant son usage exclusif par des artifices juridiques ou

    techniques (codes d’accès secrets). Ce déguisement ne change cependant rien à la réalité de bien commun du bien ainsi déguisé : il reste une non-marchandise non vendable dont l’accès et l’usage libres sont interdits parce qu’ils demeurent toujours possibles, parce que le guettent les « copies illicites », les « imitations », les usages interdits. Le soi-disant propriétaire lui-même ne peut les vendre c’est-à-dire en transférer la propriété privée à un autre, comme il le ferait pour une vraie marchandise ; il ne peut vendre qu’un droit d’accès ou d’usage « sous licence ».

     

    L’économie de la connaissance se donne ainsi pour base une richesse ayant vocation d’être un bien commun, et les brevets et copyrights censés le privatiser n’y changent rien ; l’aire de la gratuité s’étend irrésistiblement. L’informatique et internet minent le règne de la marchandise à sa base. Tout ce qui est traduisible en langage numérique et reproductible, communicable sans frais, tend irrésistiblement à devenir un bien commun, voire un bien commun universel quand il est accessible à tous et utilisable par tous. N’importe qui peut reproduire avec son ordinateur des contenus immatériels comme le design, les plans de construction ou de montage, les formules et équations chimiques ; inventer ses propres styles et formes ; imprimer des textes, graver des disques, reproduire des tableaux. Plus de deux cents millions de références sont actuellement accessibles sous licence « créative commons ». Au Brésil, où l’industrie du disque commercialise quinze nouveaux CD par an, les jeunes des favelas en gravent quatre-vingt par semaine et les diffusent dans la rue. Les trois quarts des ordinateurs produits en 2004 étaient autoproduits dans les favelas avec les composants de matériels mis au rebut. Le gouvernement soutient les coopératives et groupements informels d’autoproduction pour l’autoapprovisionnement.

     

    Claudio Prado, qui dirige le département de la culture numérique au ministère de la Culture du Brésil, disait récemment : « L’emploi est une espèce en voie d’extinction… Nous comptons sauter cette phase merdique du XXe siècle pour passer directement du XIXe au XXIe. » L’autoproduction des ordinateurs par exemple a été officiellement soutenue : il s’agit de favoriser « l’appropriation des technologies par les usagers dans un but de transformation sociale ». La prochaine étape sera logiquement l’autoproduction de moyens de production.

     

    J’y reviendrai encore.

    Ce qui importe pour le moment, c’est que la principale force productive et la principale source de rentes tombent progressivement dans le domaine public et tendent vers la gratuité ; que la propriété privée des moyens de production et donc le monopole de l’offre deviennent progressivement impossibles ; que par conséquent l’emprise du capital sur la consommation se relâche et que celle-ci peut tendre à s’émanciper de l’offre marchande. Il s’agit là d’une rupture qui mine le capitalisme à sa base. La lutte engagée entre les « logiciels

    propriétaires » et les « logiciels libres » (libre, « free » est aussi l’équivalent anglais de « gratuit ») a été le coup d’envoi du conflit central de l’époque. Il s’étend et se prolonge dans la lutte contre la marchandisation de richesses premières – la terre, les semences, le génome, les biens culturels, les savoirs et compétences communs, constitutifs de la culture du quotidien et qui sont les préalables de l’existence d’une société. De la tournure que prendra cette lutte dépend la forme civilisée ou barbare que prendra la sortie du capitalisme.

     

     

     

     

    Cette sortie implique nécessairement que nous nous émancipions de l’emprise qu’exerce le capital sur la consommation et de son monopole des moyens de production. Elle signifie l’unité rétablie du sujet de la production et du sujet de la consommation et donc l’autonomie retrouvée dans la définition de nos besoins et de leur mode de satisfaction.

     

    L’obstacle insurmontable que le capitalisme avait dressé sur cette voie était la nature même des moyens de production qu’il avait mis en place : ils constituait une mégamachine dont tous étaient les serviteurs et qui nous dictait les fins à poursuivre et la vie a mener. Cette période tire à sa fin. Les moyens d’autoproduction high-tech rendent la mégamachine industrielle virtuellement obsolète. Claudio Prado invoque « l’appropriation des technologies » parce que la clé commune de toutes, l’informatique, est appropriable par tous. Parce que, comme le demandait Ivan Illich, « chacun peut l’utiliser sans difficulté aussi souvent ou aussi rarement qu’il le désire […] sans que l’usage qu’il en fait empiète sur le liberté d’autrui d’en faire autant » ; et parce que cet usage (il s’agit de la définition illichienne des outils conviviaux) « stimule l’accomplissement personnel » et élargit l’autonomie de tous. La définition que Pekka Himanen donne de l’Éthique hacker 1 est très voisine : un mode de vie qui met au premier rang « les joies de l’amitié, de l’amour, de la libre coopération et de la créativité personnelle ».

     

    Les outils high-tech existants ou en cours de développement, généralement comparables à des périphériques d’ordinateur, pointent vers un avenir où pratiquement tout le nécessaire et le désirable pourra être produit dans des ateliers coopératifs ou communaux ; où les activités de production pourront être combinées avec l’apprentissage et l’enseignement, avec l’expérimentation et la recherche, avec la création de nouveaux goûts, parfums et matériaux, avec l’invention de nouvelles formes et techniques d’agriculture, de construction, de médecine, etc. Les ateliers communaux d’autoproduction seront interconnectés à l’échelle du globe, pourront échanger ou mettre en commun leurs expériences, inventions, idées, découvertes. Le travail sera producteur de culture, l’autoproduction un mode d’épanouissement.Deux circonstances plaident en faveur de ce type de développement. La première est qu’il existe beaucoup plus de compétences, de talents et de créativité que l’économie capitaliste n’en peut utiliser. Cet excédent de ressources humaines ne peut devenir productif que dans une économie où la création de richesses n’est pas soumise aux critères de rentabilité. La seconde est que « l’emploi est une espèce en voie d’extinction ».

     

    Je ne dis pas que ces transformations radicales se réaliseront. Je dis seulement que, pour la première fois, nous pouvons vouloir qu’elles se réalisent. Les moyens en existent ainsi que les gens qui s’y emploient méthodiquement. Il est probable que ce seront des Sud- Américains ou des Sud-Africains qui, les premiers, recréeront dans les banlieues déshéritées des villes européennes les ateliers d’autoproduction de leur favela ou de leur township d’origine.

    André Gorz

     

    NDLR : Ce texte qu’André Gorz a terminé d’écrire le 17/09/2007 est une version revue et approfondie de celui écritpour le manifeste d’Utopia. Rebaptisé pour notre dossier Le travail dans la sortie du capitalisme il a depuis été publié dans son livre posthume Écologica sous le titre La sortie du capitalisme a déjà commencé.

    1 Pekka Himanen, L’Éthique hacker et l’esprit de l’ère de l’information, tr. fr. C. Leblanc, Paris, Exils, 2001.

     

    Ou encore très intéressant :

     

     

    Site :  
    Exclusivité : liste des politiques corrompus par les lobbys pharmaceutiquesComment on nous vend la rigueur :
     la Révolution française : un truc regrettable, qui a désappris aux Français le goût de l'effort. , Le plan Fillon : une rigueur d'opérette que nos voisins pourraient nous envier , Le capitalisme nuit gravement à la santé : " Un aperçu du système des soins français par Christian Faucomez, 20 mai 2O11", La crise pour les même... Tant qu'il y aura de l'argent ...

    CHANGER D'ECONOMIE :  :Plan pour la Grèce : un gros sparadrap qui ne changera rien | Eco89Chronologie
    Source :
    Le fabuleux destin des 489 milliards d'euros prêtés à du 1%
    Mercredi 21/12/2011

     Des impacts à l'échelle planétaire

     

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    Il y aurait beaucoup a dire sur la liberté si souvent évoquée.
    D'abord de quelle liberté parle t'on?
     
    De la liberté pour un petit nombre de persécuter l'ensemble de la population, ou de la liberté pour cet population de mettre a la raison ce petit nombre de  de privilégié?
     
    Tant que les fantomes malveillants de la religion ou de la patrie heuteront l'air social et intellectuelle sous quelques déguisements qu'ils empruntent, aucune liberté ne sera concevable.
     
    De Benjamin Peret 

     


     
    Les sales majestés - Ni dieu, ni maître

     

    dans le groupe : Livres de tonton Bakou. Mars ou la guerre jugée le philosophe Alain est souvent proche de l'anarchisme en tant que rationaliste anticlérical et antimilitariste. n Mars_ou_guerre_jugee.pdf n PDF

     

    Critique Télérama de Birmanie : résistants, business et secret nucléaire, Documentaire, de Paul Moreira

     

    Une phrase prophétique opposante birmane Aung San Suu Kyi  : « l’argent renforce le pays, il faut donc éviter de travailler avec eux. »

     

    Que ce soit la Birmanie, le Tibet, les Mapuche au chili, les dérives des multinationales. sur la discrimaition dont sont victimes les nombreux peuples. La palestine reste l'endroit le plus médiatique, mais d'autre endroits restent dans l'ombre. sur la discrimaition dont sont victimes les nombreux peuples. La palestine reste l'endroit le plus médiatique, mais d'autre endroits restent dans l'ombre. La lutte et la communication passe maintenant par Internet. Nous nous devons de faire passer l'info. Un transfert de l'énergie nucléaire serait entrain de se mettre en place par des gaz et des paradis fiscaux, avec Total. Total paye, pour payer moins d'impôt et le reverser ensuite aux dirigeants birmans (détourner vers des banques singapouriennes)

     

    La responsabilité de Total est grande ! Le travail forcer, des militaires ont annexés les lieux. Victime d’un pays dictatoriale, que les pays condamnent d’un coté mais laissent leurs entreprises prospérer (et donc le régime)

     

    Birmanie : résistance, business et secret nucléaire - vidéo Dailymotion

     

     Birmanie : La malédiction des Rohingyas ARTE ... - YouTube

     n Si les médias français s’en font l’écho depuis quelques jours, le milieu du rap français tente d’alerter sur le drame depuis plusieurs années.

    Si les médias français s’en font l’écho depuis quelques jours, le milieu du rap français tente d’alerter sur le drame depuis plusieurs années. En près de deux semaines, près de 400 000 Rohingya ont fui la Birmanie pour trouver refuge au Bangladesh, échappant ainsi aux violences commises par l’armée birmane. Or, si les médias français s’en font plus largement l’écho aujourd’hui, ce drame n’est pas nouveau. De longue date, cette minorité musulmane est victime de ségrégations dans un pays très majoritairement bouddhiste. Il est, en revanche, un milieu dans lequel on s’en émeut depuis plusieurs années : le rap. De nombreux artistes ont, en effet, déjà fait allusion aux Rohingya dans leurs textes ou leurs interventions publiques.

     ECLAIRAGE Médine, Kery James, Nekfeu… : le rap français tente d'alerter sur le sort des Rohingya depuis des années VIDÉO 24

    What's driving the ISIL attacks? Professor Gilles Kepel on what motivates ISIL attacks, and we debate Aung San Suu Kyi’s stance on Rohingya.

    09 Jun 2017 1 Human RightsMiddle EastISIS

     

    In this week's UpFront, political science professor Gilles Kepel weighs in on ISIL attacks and what he calls "third-generation jihadism". 

    e region.

    UPFRONT: Aung San Suu Kyi: Turning her back on Rohingya? (12:15)

    The army has declared a war against

    Aung San Suu Kyi  Rohingya, 

    Will Myanmar honour recommendations for persecuted Muslim Rohingya minority?

    Birmanie : résistants, business et secret nucléaire

    Deadly clashes erupt in Myanmar's restive Rakhine state

     

     n Le Bangladesh, refuge au bord de la rupture

    Enquête.

    Victimes d'un nettoyage ethnique dans l'Etat Rakhine, en Birmanie, des centaines de milliers de membres de la minorité musulmane traversent la frontière depuis août. Déjà miné par les catastrophes naturelles et la pauvreté, le pays d'accueil doit gérer une grave crise humanitaire.

    Vu sur Libération.fr 

    La compassion des Bangladais envers les réfugiés, qui partagent le même dialecte, est d’autant plus impressionnante que plus d’un tiers d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté. Mais des tensions se font déjà sentir. Le long de la magnifique plage de 100 kilomètres, bordée de falaises verdoyantes et d’hôtels de luxe, les acteurs du tourisme craignent que les images de hordes de réfugiés affamés et les embouteillages délirants compromettent la prochaine saison touristique, et qu’un coup fatal soit porté à l’environnement

    «La situation est très grave, alerte G.M. Khan, directeur des programmes de Tai, un organisme gouvernemental qui intervient dans les camps. Le Bangladesh est déjà surpeuplé. Absorber un demi-million de personnes supplémentaires est un fardeau énorme, et les risques sécuritaires et sanitaires sont immenses.»

    Le district de Cox’s Bazar est depuis toujours une plaque tournante pour les trafics en tout genre. Mais l’afflux d’une population désespérée est une aubaine pour la mafia, qui y trouve à bon compte des prostituées pour le marché local ou indien, des enfants isolés qui seront revendus comme domestiques, ou des «mules» pour le trafic de drogue. Depuis le début de la crise, chaque jour, la presse rapporte les arrestations de réfugiés chargés par les passeurs de tablettes de yaba, des méthamphétamines fabriquées en Birmanie.

    Un médecin étranger, vieux routier de l’humanitaire, explique, la gorge nouée : «Personne ne va vous le dire en face, mais on est complètement dépassés. Le risque d’épidémie est énorme. On se prépare au pire. La question n’est pas "si", mais "quand".»

     

    Birmanie : La malédiction des Rohingyas ARTE Documentaire

     n LE SUPPLICE DES ROHINGYAS

     

     

    Reportage] En Birmanie, les extrémistes en robe de Ma Ba Tha gagnent du terrain

     

     Religions « de paix » et « de guerre » en Birmanie POST DE BLOG La tragédie des Rohingya de Birmanie rappelle que le bouddhisme n’est pas plus une religion « de paix » que l’islam ne serait une religion « de guerre », note l’historien Jean-Pierre Filiu.

    DEUX POIDS DEUX MESURES

     Ce pays mythique restera une fiction, alors que la tragédie birmane est bien réelle. Mais imaginons un instant le tonnerre de protestations qui aurait accompagné les persécutions aujourd’hui infligées en Birmanie, si celles-ci avaient été menées par des Musulmans, toujours soupçonnés de violence, à l’encontre de Bouddhistes, spontanément crédités de pacifisme. La Sayyida n’existe pas, c’est Luc Besson qui a mis en scène la « Lady » sous les traits de Michelle Yeoh

    Notre monde s’est habitué, depuis Sarajevo et Grozny, à ce que les massacres de Musulmans laissent de marbre des consciences qui s’émeuvent légitimement face à d’autres violations massives des droits de l’homme. La lutte contre le « terrorisme islamiste » est bien commode pour justifier des indignations aussi sélectives. Oui, l’Armée du Salut des Rohingyas du Arakan (ARSA) a ouvert cette crise, le 25 août, en menant des attaques coordonnées contre les forces birmanes de sécurité. Non, la Birmanie, confrontée pourtant depuis des décennies à différentes guérillas ethniques, n’a jamais vu un tel acharnement contre une population civile assimilée aux « terroristes » et traitée comme telle. Oui, l’ARSA a proclamé un cessez-le-feu dès le 30 août, que l’armée birmane a balayé pour mieux expulser en masse les Rohingyas vers le Bangladesh. Non, la « désinformation » n’est pas à sens unique, elle est largement pratiquée par les uns comme les autres.

    UNE TRAGEDIE TERRIBLEMENT PREVISIBLE

     L’engrenage menant à la crise actuelle remonte au moins à 2012, quand une vague de troubles a frappé la province birmane d’Arakan/Rakhine, frontalière du Bangladesh.

    J’avais sur ce même blog, en février dernier, mis en garde contrl’abcès de fixation jihadiste que pourrait rapidement constituer la Birmanie si rien n’était fait pour traiter au niveau local et politique ce qui est fondamentalement un problème politique et local. L’ARSA continue d’avoir la Birmanie, et la Birmanie seule, pour horizon, tandis que la propagande jihadiste tente de se saisir de la tragédie des Rohingyas au profit, entre autres, d’une implantation plus solide de Daech en Asie du Sud-Est. Il est certain que la zone frontalière entre le Bangladesh et la Birmanie fournirait des possibilités infinies à des réseaux transnationaux, que personne n’a encore signalés sur ce théâtre.

    Il n’est peut-être pas trop tard pour éviter une nouvelle escalade dont ne pourraient profiter que les réseaux jihadistes. Le rapport remis à Aung San Suu Kyi, le 23 août, par Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU, et lui aussi prix Nobel de la Paix, fournit toutes les recommandations nécessaires en vue d’une solution durable de la crise dans la province birmane de Rakhine/Arakan. Mais la majorité bouddhiste de Birmanie doit enfin accepter que les Musulmans de ce pays ne sont pas des citoyens de seconde zone, voire des étrangers à pousser à l’exode. Cette crise, politique et non religieuse, a donc des enjeux qui dépassent de loin la Birmanie et le sort des Rohingyas. Il serait temps d’en tirer toutes les conséquences.

    Reportage ARTE : Déferlement de haine contre les musulmans en Birmanie.

     

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    Cox's Bazar

     Lire aussi - Le parcours chaotique des Rohingyas à travers l'histoire , » Nicolas Baverez : «La tragédie des Rohingyas»

    Cox's Bazar

    Birmanie : les corps de 28 villageois hindous retrouvésDes rohingyas attaqués par des moines bouddhistes  Les agitateurs font partie du groupe radical Sinhale Jathika Balamuluwa (Force nationale cinghalaise). L'île de l'océan Indien connaît une montée de l'extrémisme bouddhiste - le bouddhisme est la religion majoritaire au Sri Lanka.

    » BIRMANIE : RÉSISTANCE, BUSINESS ET SECRET NUCLÉAIRE 20 OCTOBRE 2017

     » Birmanie : résistants, business et secret nucléaire - citoyenactif


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    Davos, cette farce venue d’un autre monde

     Stephff • 21/01/2016Davos, cette farce venue d’un autre monde : Davos, cette farce venue d’un autre monde


    pas besoin de complot ,quand les intérêts convergent .Ces gens ont été dans les memes universités ,vont dans les mêmes conseils d administration, dans les meme clubs, ils ont des intérêts communs ils n ont pas besoin de se réunir pour savoir ce qui est bon pour eux.
    Georges Carlin

     

    Maintenant, je souhaiterai aborder la question sur un plan politique. Nous vivons en démocratie, dans un système selon lequel une tête = une voix. Rappelons que ce principe n’est pas une évidence, que les cités grecques pratiquaient une démocratie censitaire et étaient aussi peuplées d’esclaves qui ne votaient pas.

    "Si une majorité paie pour une minorité, ce type de démocratie « une tête = une voix » ne pose aucun problème. La majorité débat et s’accorde sur les aides et l’addition ; la minorité reçoit". 

    Le budget du gouvernement Macron...

    Aucun texte alternatif disponible.
     
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    une vidéo  : La dérégulation du droit du travail permet-elle de réduire le ...  Permet-elle de réduire le chômage et la précarité? La réponse avec Raymond Soubie, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy..
     

    Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a déclaré aujourd'hui ne "pas croire" à la "théorie du ruissellement", selon laquelle enrichir les riches profiterait à tout le monde, assurant que la politique du gouvernement visait à soutenir "l'innovation" et non les plus aisés. "C'est une ânerie, ça n'existe pas", a ajouté le ministre sur France Inter, accusé d'avoir multiplié les "cadeaux fiscaux" pour les contribuables aisés dans son projet de loi de finances pour 2018.

    Fiscalité.

    Finalement, ce ne seront pas 9, mais 10 milliards d'euros que l'Etat devra rembourser aux grandes entreprises, en raison de l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la taxe à 3% sur les dividendes instaurée en 2012, selon le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner (lire notre article sur le combat des grands patrons contre cette taxe). «L'amateurisme juridique a conduit à faire le plus grand cadeau fiscal jamais fait aux entreprises de ce pays», a déclaré Castaner, critiquant sans le nommer le quinquennat Hollande.

    » Lire aussi - Théorie du ruissellement : faux procès mais vrais risques politiques

    La doctrine du ruissellement consiste à considérer que les allègements d'impôts pour les contribuables les plus riches profitent également aux plus pauvres, en stimulant l'investissement et la consommation, et donc l'économie dans son ensemble. Ce concept, qui n'existe pas en tant que théorie à part entière, mais est utilisé en tant qu'allégorie par les  politiques libérales, fait l'objet depuis plusieurs semaines de vifs débats, sur fond de crispations sur la politique économique du gouvernement. Un concept qui n'existe pas comme théorie à part entière comme on vous l'expliquait la semaine dernière, sur le site de libération. 

     

    Hier soir, pendant que sa police repoussait les manifestants à l'extérieur de la Foire internationale de Thessalonique, Tsipras a fait son discours sur la "poursuite des réformes". A l'instar de Macron en France, il s'est basé sur le dogme le plus absurde du capitalisme : "la théorie du ruissellement".

    Ce que nous voulons attaquer, c'est le discours dominant qui explique que les causes de la crise actuelle doivent être recherchées dans le capitalisme financier. Nous pensons que la crise financière n'est qu'un symptôme d'une maladie plus profonde et que c'est en fait une crise du capitalisme lui-même. Ses conséquences seront vraiment terribles, mais peut-être aussi l'occasion de contester le capitalisme sur son propre terrain.

    Rapport d’Oxfam : les riches sont plus riches, et après ? COST • 18/01/2016 Blue Monday : l’enfer, c’est la joie des autres

    Le Billet économique par Marie Viennot

    du lundi au vendredi à 7h12Favoriser les riches, est-ce bon pour les pauvres?
    09/01/2017

    Favoriser les riches, est-ce bon pour les pauvres? 09/01/2017

    Le grand bond en arrière : documentaire

     

     

     :extrait Daniel Mermet :

     

    Finalement, Serge Halimi, tout est dans le titre : Le grand bond en arrière - Comment l’ordre libéral s’est imposé au monde ; voilà, le sujet du livre et le titre du livre. « Le grand bond en arrière », il faut peut-être expliquer que ça fait allusion au « grand bond en avant »...Ce qui prévaut quand même, c’est que tout ça est naturel. Et là, vous faites tout un travail historique : c’est l’histoire d’un basculement idéologique sur une trentaine d’années. Vous situez le début du basculement au début des années 70 mais vous nous racontez que le projet était beaucoup plus ancien. On savait qu’il existait mais il semblait ridicule, anachronique. Je parle des années après-guerre par exemple où ce genre d’idées semblait tout à fait saugrenu.

    Que reste-t-il du modèle social français après trente ans de néolibéralisme? Cette question oriente le voyage dans leur pays natal de quatre Français installés depuis plusieurs années au Venezuela. Pour y répondre, le documentaire mêle des données statistiques, journalistiques et des interviews de sociologues, intellectuels, militants, réfugiés politiques, artistes, citoyens, travailleurs sociaux des banlieues, sans-papiers et Roms, enfin tous ceux qui peuvent révéler si la devise "Liberté, Egalité, Fraternité" est toujours en vigueur dans leur réalité concrète.

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    Le Grand Bond en Arrière HD - YouTube
     

     

    Documentaire de Johanna Lévy, Tristan Goaguen, Yann Manuguerra & Philippe Fréchou. [Sociotoile] => Serge Halimi - Le grand bond en arrièreLe Grand Bond en Arrière HD - YouTube

    Voyage dans les ghettos du gotha ( 2008 )
    Réalisation: Jean-Christophe Rosé.

    "  Comment les aristocrates et les grands bourgeois éduquent-ils leurs enfants ? Quel est le rôle de la femme au sein de cette classe sociale? Comment se rencontrent-ils et se marient-ils? Quels sports et quels loisirs pratiquent-ils? Jean-Christophe Rosé s'est associé à deux sociologues, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, auteurs de plusieurs livres sur le sujet, pour tenter de répondre à ces questions. Des châteaux de l'Oise aux salons parisiens des clubs les plus chics, les grands bourgeois s'emploient assidûment à maîtriser leur environnement géographique et social. Ils se protègent des autres, quitte à former parfois des ghettos. "


    Dans les ghettos du gotha - 1 -par apocalyptique00

    Davos, cette farce Le charme discret de la bourgeoisie à travers « Les Bourgeois », d’Alice Ferney...

     

    n la publication de Alexandre Monin.

     
     
    L’image contient peut-être : 1 personne, gros plan
     
     

    n la publication de Alexandre Monin.

    Hollande : pacte avec le Medef , 

    "Le grand bond en arrière" , [PDF] Crise capitaliste : le grand bond en arrière - Tendance CLAIRE


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  • n la publication de Nathalie De Biasidans le groupe ANARCHISTESINDIVIDUALISTES.

     
     
    L’image contient peut-être : une personne ou plus, mème, texte et plein air
    Nathalie De Biasi à Kit révolutionnaire humaniste et militant à usage des camarades
     
    n HD | Modern Times (Charles Chaplin, 1936) - 1080p 
     

    En cette période de montée des idéologies de crise agressives (néo-nationalisme, islamisme, racisme, virilisme) et de manipulation capitaliste (publicité, consommation, électoralisme) des frustrations découlant de ce même capitalisme, une relecture actualisée (et critique) de La psychologie de masse du fascisme de Reich nous permet de comprendre ces phénomènes en échappant d’une part à un réductionnisme économiciste incapable de penser « la part subjective de l’histoire » et d’autre part à une psychologie individualisante, biologisante et conservatrice incapable de critique sociale, mais aussi de penser une libération révolutionnaire des frustrations capitalistes 

    Une émission radio de critique émancipatrice du capitalisme et son dépassement libertaire.
     
     
    Et si les salariés faisaient la révolution? Dans une note de conjoncture publiée vendredi, la banque Natixis alerte les investisseurs de la possibilité de voir les salariés se révolter face à des inégalités de plus en plus fortes. La filiale de BPCE liste notamment cinq raisons à cela : des inégalités des revenus toujours plus fortes, la déformation du partage des revenus en faveur des profits, la hausse de la pauvreté, la faible hausse du salaire réel depuis 2000 et la hausse de la pression fiscale.
     

     

     

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