" Comment les aristocrates et les grands bourgeois éduquent-ils leurs enfants ? Quel est le rôle de la femme au sein de cette classe sociale? Comment se rencontrent-ils et se marient-ils? Quels sports et quels loisirs pratiquent-ils? Jean-Christophe Rosé s'est associé à deux sociologues, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, auteurs de plusieurs livres sur le sujet, pour tenter de répondre à ces questions. Des châteaux de l'Oise aux salons parisiens des clubs les plus chics, les grands bourgeois s'emploient assidûment à maîtriser leur environnement géographique et social. Ils se protègent des autres, quitte à former parfois des ghettos. "
"les sondages étant hyper fiables et n'étant pas du tout là pour influencer l'avis des citoyens ... Noooon ..."
MACRONISME : LE PEN DOUBLÉE SUR SA DROITE ! selon C news
Mardi, les images d'une expulsion inhumaine d'exilés qui s'installaient dans des tentes Place de la République faisaient le tour du monde. Tentes détruites et arrachées, coups, gaz sur des personnes en détresse... ces actes choquaient bien au delà des frontières françaises.
Un sondage vient de tomber au sujet de cette opération scandaleuse : au delà d'un résultat qui dévoile une opinion structurellement raciste, façonnée par des médias qui le sont tout autant, les sympathisants LREM sont 93% à approuver l'expulsion violente d'exilés. Contre 90% de sympathisants RN. Le Macronisme fait donc pire que l'extrême droite Lepéniste !
Racisme, autoritarisme, violence sociale, attaque sans précédent contre les libertés : le Macronisme a terminé sa mue d'extrême droite. LREM, mouvement hors sol issu du PS et sponsorisé par les médias, aura droitisé à marche forcée tout l'échiquier politique en quelques années. Et ouvert la voie au fascisme.
Ne tombant pas nous aussi dans le trompe l'oeil du sondage !
C'est sondages n'ont aucune méthodologie sérieuse, il sont réalisés dans la précipitation et largement financés pour influer sur l'opinion réel.
La plus basique des expériences de psychologie vous montrera que la réflexion propre est altérée dès qu'il y a la prise de connaissance d'une tendance majoritaire.
"Après trois ans d'enquête, la Défenseure des droits publie une « décision » que « Le Monde » a pu consulter. La liste des manquements et des comportements contraires à la déontologie des forces de sécurité, à tous les niveaux de la hiérarchie, est longue.
« Petite altercation avec des jeunes, ramenez-nous un petit véhicule ! » Quand le message du gardien de la paix B. passe sur les ondes de la police d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ce jeudi 2 février 2017, l'affaire ne paraît pas très sérieuse. Presque banale. Un après-midi d'hiver comme un autre sur la dalle située devant le centre culturel, lieu habituel du trafic de drogue de la ville. Aux pieds du chef d'équipage qui s'exprime à la radio, gît pourtant un jeune homme de 22 ans, mains menottées dans le dos. Théodore Luhaka est très grièvement blessé après avoir reçu un coup de matraque au niveau de l'anus.
Une « petite altercation » donc, qui a donné naissance à « l'affaire Théo », un dossier emblématique des violences policières ayant provoqué des émeutes urbaines et l'intervention du chef de l'Etat, François Hollande, qui s'était rendu au chevet du jeune homme.
Alors que l'information judiciaire est sur le point d'être clôturée, la Défenseure des droits, Claire Hédon, publie, mardi 24 novembre, une « décision », que Le Monde a pu consulter. Il s'agit d'un travail d'enquête de plus de trois ans, mené par une équipe de juristes qui a eu accès à l'ensemble du dossier d'instruction, aux rapports de l'inspection générale de la police nationale (IGPN), à des documents administratifs inédits et qui a auditionné toutes les personnes impliquées.
Il ne s'agit pas pour l'institution de se prononcer sur les infractions commises dans cette affaire mais d'évaluer l'intégralité des faits au regard du code de la déontologie qui régit l'action des forces de l'ordre et de proposer des sanctions au ministère de l'intérieur. Le débat judiciaire a jusqu'à présent gravité principalement autour de la blessure anale du jeune homme, qui gardera une infirmité à vie et autour de la qualification de viol aggravé, retenue lors de l'ouverture de l'information judiciaire, et abandonnée ensuite par le parquet dans ses réquisitions.
La procureure de la République a demandé en octobre le renvoi de trois des quatre fonctionnaires impliqués devant la cour d'assises pour violences volontaires. La juge d'instruction doit rendre prochainement son ordonnance, dans laquelle elle donnera son interprétation sur le caractère sexuel ou non de ces violences.
Manquements documentés
L'enquête édifiante, la première du genre publiée par la Défenseure des droits, complétée par des documents que Le Monde s'est procurés, dépasse largement ce débat juridique. Au-delà du coup de matraque, Claire Hédon pointe une accumulation de comportements en contradiction totale avec la déontologie policière, du début de l'intervention réalisée sur des bases juridiques floues, à la gestion in fine du commissaire divisionnaire responsable du commissariat – qui n'a pas pris les mesures nécessaires pour préserver l'enquête –, en passant par les nombreux coups portés sur Théo – avant et après son menottage –, l'humiliation par la prise de photo, les coups portés dans le véhicule de police, l'usage d'armes intermédiaires en toute illégalité, l'introduction de données fausses dans les fichiers de police... Tous ces manquements sont documentés par des vidéos, des éléments d'enquête ou par des pièces obtenues de l'administration, qui a obligation de les fournir à la Défenseure de s droits."
J’entends cette liberté de chacun qui, loin de s’arrêter comme devant une borne devant la liberté d’autrui, y trouve au contraire sa confirmation et son extension à l’infini ;
la liberté illimitée de chacun par la liberté de tous, la liberté par la solidarité, la liberté dans l’égalité ; la liberté triomphante de la force brutale et du principe d’autorité qui ne fut jamais que l’expression idéale de cette force ; la liberté, qui après avoir renversé toutes les idoles célestes et terrestres, fondera et organisera un monde nouveau, celui de l’humanité solidaire, sur les ruines de toutes les Églises et de tous les États.
Je suis un partisan convaincu de l’égalité économique et sociale, parce que je sais qu’en dehors de cette égalité, la liberté, la justice, la dignité humaine, la moralité et le bien-être des individus aussi bien que la prospérité ne seront jamais rien qu’autant de mensonges.
Mais, partisan quand même de la liberté, cette condition première de l’humanité, je pense que l’égalité doit s’établir dans le monde par l’organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes, et par la fédération tout aussi spontanée des communes, mais non par l’action suprême et tutélaire de l’État.
Violences policières en France : derrière les dérives, "un phénomène structurel"
La vidéo du producteur de musique roué de coups par trois policiers à Paris relance une nouvelle fois le débat sur les dérives policières en France. Alors que les syndicats dénoncent des actions isolées qui doivent être punies, d'autres, comme le chercheur Jacques de Maillard, pointent du doigt un phénomène structurel au sein de l'institution.
Jacques de Maillard : La situation est d'une ironie absolument tragique. Ce déferlement de violence qui n'est ni légitime, ni proportionné, montre une nouvelle fois à quel point il est essentiel de rendre visible les actions policières. D'autant plus que la vidéo permet ici de confondre le rapport mensonger des policiers. Si cette affaire est particulièrement choquante et suscite à juste titre une réaction émotionnelle très forte, il ne s'agit néanmoins pas d'un cas isolé. Sur l'année 2020, nous avons déjà plusieurs séquences médiatiques liées à ce genre d'affaires avec la mort de Cédric Chouviat, le livreur décédé lors d'un contrôle en janvier, les propos racistes des policiers de Seine-Saint-Denis en avril, ou bien encore les débordements lors de l'évacuation du camp de migrants à place de la République, le 23 novembre. Au-delà du facteur émotionnel et de l'ironie de la situation, la succession d'événements de ce type met en avant un problème structurel qui ne peut se limiter, comme on l'entend souvent du côté de la police, à des faits isolés d'individus qui doivent être sanctionnés.
n Loi "sécurité globale" et violences policières : mobilisations partout en France et dans le Sud-Ouest
Plébiscité par les syndicats policiers, soutenu par la droite et l’extrême droite, l’article 24 suscite une levée de boucliers à gauche et chez les défenseurs des libertés publiques, qui y voient "une atteinte disproportionnée" à la liberté d’informer et le signe d’une dérive autoritaire de la Macronie.
L’article 24, qui prévoit de limiter la possibilité de filmer les forces de l’ordre, est dans le viseur des manifestants, alors que plusieurs affaires de violences policières ont émergé ces derniers jours. Le point des manifestations prévues dans le Sud-Ouest
Paris, Bordeaux, Lyon, Strasbourg, Marseille, Grenoble, Clermont-Ferrand, Caen… De multiples rassemblements sont prévus un peu partout dans l’Hexagone, contre le projet de loi de "sécurité globale", jugé attentatoire à "la liberté d’expression" et à "l’Etat de droit" par ses opposants.
Samedi dernier, la mobilisation avait rassemblé environ 22 000 personnes sur l’ensemble du territoire, selon les autorités. Depuis, la controverse autour de ce texte, vivement dénoncé par les journalistes et les défenseurs des libertés publiques, s’est encore renforcée.
Les manifestations prévues dans la région
– à Bordeaux : ils étaient 1500 manifestants le 24 novembre dernier à défiler dans les rues bordelaises. Un nouveau rassemblement est prévu ce samedi 28 novembre à 14 heures, place de la Bourse.
J’entends cette liberté de chacun qui, loin de s’arrêter comme devant une borne devant la liberté d’autrui, y trouve au contraire sa confirmation et son extension à l’infini ; la liberté illimitée de chacun par la liberté de tous, la liberté par la solidarité, la liberté dans l’égalité ; la liberté triomphante de la force brutale et du principe d’autorité qui ne fut jamais que l’expression idéale de cette force ; la liberté, qui après avoir renversé toutes les idoles célestes et terrestres, fondera et organisera un monde nouveau, celui de l’humanité solidaire, sur les ruines de toutes les Églises et de tous les États.
Je suis un partisan convaincu de l’égalité économique et sociale, parce que je sais qu’en dehors de cette égalité, la liberté, la justice, la dignité humaine, la moralité et le bien-être des individus aussi bien que la prospérité ne seront jamais rien qu’autant de mensonges.
Mais, partisan quand même de la liberté, cette condition première de l’humanité, je pense que l’égalité doit s’établir dans le monde par l’organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes, et par la fédération tout aussi spontanée des communes, mais non par l’action suprême et tutélaire de l’État.
Au nom de la lutte antiterroriste, le Xinjiang fait l'objet d'une reprise en main sécuritaire que certains qualifient de génocide. Plus d'un million de Ouïghours ont été internés dans des camps. Et ceux qui ont pu fuir la région racontent aussi les viols, tortures, disparitions...
Ah, là, là, là, ma bonne dame, mon bon monsieur, heureusement que, chez nous, on ne voit pas ces images horribles que l'on voit ailleurs dans les dictatures !
"Après trois ans d’enquête, la Défenseure des droits publie une « décision » que « Le Monde » a pu consulter. La liste des manquements et des comportements contraires à la déontologie des forces de sécurité, à tous les niveaux de la hiérarchie, est longue.
« Petite altercation avec des jeunes, ramenez-nous un petit véhicule ! » Quand le message du gardien de la paix B. passe sur les ondes de la police d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ce jeudi 2 février 2017, l’affaire ne paraît pas très sérieuse. Presque banale. Un après-midi d’hiver comme un autre sur la dalle située devant le centre culturel, lieu habituel du trafic de drogue de la ville. Aux pieds du chef d’équipage qui s’exprime à la radio, gît pourtant un jeune homme de 22 ans, mains menottées dans le dos. Théodore Luhaka est très grièvement blessé après avoir reçu un coup de matraque au niveau de l’anus.
Une « petite altercation » donc, qui a donné naissance à « l’affaire Théo », un dossier emblématique des violences policières ayant provoqué des émeutes urbaines et l’intervention du chef de l’Etat, François Hollande, qui s’était rendu au chevet du jeune homme.
Alors que l’information judiciaire est sur le point d’être clôturée, la Défenseure des droits, Claire Hédon, publie, mardi 24 novembre, une « décision », que Le Monde a pu consulter. Il s’agit d’un travail d’enquête de plus de trois ans, mené par une équipe de juristes qui a eu accès à l’ensemble du dossier d’instruction, aux rapports de l’inspection générale de la police nationale (IGPN), à des documents administratifs inédits et qui a auditionné toutes les personnes impliquées.
Il ne s’agit pas pour l’institution de se prononcer sur les infractions commises dans cette affaire mais d’évaluer l’intégralité des faits au regard du code de la déontologie qui régit l’action des forces de l’ordre et de proposer des sanctions au ministère de l’intérieur. Le débat judiciaire a jusqu’à présent gravité principalement autour de la blessure anale du jeune homme, qui gardera une infirmité à vie et autour de la qualification de viol aggravé, retenue lors de l’ouverture de l’information judiciaire, et abandonnée ensuite par le parquet dans ses réquisitions.
La procureure de la République a demandé en octobre le renvoi de trois des quatre fonctionnaires impliqués devant la cour d’assises pour violences volontaires. La juge d’instruction doit rendre prochainement son ordonnance, dans laquelle elle donnera son interprétation sur le caractère sexuel ou non de ces violences.
Manquements documentés
L’enquête édifiante, la première du genre publiée par la Défenseure des droits, complétée par des documents que Le Monde s’est procurés, dépasse largement ce débat juridique. Au-delà du coup de matraque, Claire Hédon pointe une accumulation de comportements en contradiction totale avec la déontologie policière, du début de l’intervention réalisée sur des bases juridiques floues, à la gestion in fine du commissaire divisionnaire responsable du commissariat – qui n’a pas pris les mesures nécessaires pour préserver l’enquête –, en passant par les nombreux coups portés sur Théo – avant et après son menottage –, l’humiliation par la prise de photo, les coups portés dans le véhicule de police, l’usage d’armes intermédiaires en toute illégalité, l’introduction de données fausses dans les fichiers de police… Tous ces manquements sont documentés par des vidéos, des éléments d’enquête ou par des pièces obtenues de l’administration, qui a obligation de les fournir à la Défenseure des droits."
Les grands maîtres de notre tradition humaniste, comme Rabelais ou Montaigne, nous ont appris que le savoir, « ça sert d'abord à former le jugement », et qu'une tête bien faite vaut mieux qu'une tête bien pleine. «Rien n'est pire que l'incertitude et l'impression d'une morosité sans fin»,«Il faut de la cohérence, de la clarté, un cap. Savoir ensemble où nous allons et comment y aller». «C'est difficile, car la pandémie ( et ses conséquences sociales, environnementales, psychologiques... ) sont par essence imprévisibles et mondiale», L'Eglise de scientologie tente de profiter de la pandémie pour recruter «Des marchands de chaos» Parmi elles, un cours en ligne intitulé «Solutions à un environnement dangereux» pour soulager les angoisses liées à «l'isolement et au sentiment d'être submergé». Dans la vidéo d'introduction de cinq minutes, l'Eglise déclare, tout en montrant des images de politiciens et de journalistes, qu'il y a dans ce monde «des gens dont le rôle est de rendre l'environnement le plus menaçant et dangereux possible». Ce sont des «vendeurs de conflits», des «marchands de chaos», dit-elle tout en préconisant d'éteindre sa télévision, sur laquelle une présentatrice annonce que «des milliers de personnes pourraient mourir d'un virus mystérieux qu'on trouve actuellement seulement chez les souris».
Si ce complot sataniste puise dans des thèses complotistes plus anciennes, le contenu des théories QAnon – les idées de fin du monde, d’avènement d’une figure salvatrice, la dualité bien/mal, l’existence de Satan – renvoie lui aussi à des structures religieuses ou pour le moins spirituelles. Selon le sociologue S. Jonathon O’Donnel (spécialiste des études américaines), l’accusation de satanisme s’explique par le rôle qu’occupe dans cette sphère une démonologie d’inspiration chrétienne charismatique. De plus, le millénarisme QAnon annonce un salut final qui passe par le politique: les individus sont appelés à s’éveiller, à mener des actions collectives. Là encore, en produisant cette voie de salut, QAnon se profile comme producteur d’un système religieux."
Né en 2017 aux Etats-Unis, le mouvement Qanon développe massivement sur les réseaux sociaux les théories conspirationnistes les plus extrêmes. Jusqu'à influencer la campagne présidentielle américaine.
RELIGIONS QAnon, la nouvelle «conspiritualité» Dénonçant des élites «satanistes» et un Etat «profond» occulte, la mouvance QAnon se prend-elle pour une religion? En Suisse, elle a fait mouche dans les milieux New Age. JEUDI 19 NOVEMBRE 2020 DOMINIQUE HARTMANN Lors d'un meeting de Donald Trump, le 2 août 2018. «QAnon annonce un salut final qui passe par le politique: les individus sont appelés à s'éveiller, à mener des actions collectives.» KEYSTONE
CROYANCES Apparu en 2017 aux Etats-Unis, le mouvement QAnon s'est diffusé depuis en Europe et en Suisse. Le Centre intercantonal d'information sur les croyances (CIC), qui s'y est intéressé, désigne QAnon comme une «constellation de thèses défendues par un mouvement aux contours flous» et voyant le monde comme «une vaste accumulation de conspirations à dévoiler». Si les thèses QAnon aux Etats-Unis ont été fortement relayées par les milieux évangéliques – soutiens historiques de Donald Trump, c'est dans les milieux New Age qu'elles ont trouvé un écho important en Suisse. L'impact sur les milieux évangéliques helvétiques reste à démontrer, estime le CIC. Manéli Farahmand, sa directrice et docteure en socio-anthropologie des religions, Mischa Piraud, chargé de recherche au CIC, et Sybille Rouiller, collaboratrice scientifique au CIC, répondent aux questions du Courrier. La mouvance QAnon est-elle un mouvement religieux?
La constellation QAnon se situe à la croisée de différentes tendances, entre millénarisme et New Age (certains chercheurs parlent de conspirituality). On y retrouve les idées de «transition», de «grand réveil», et une dimension utopique avec la croyance en un futur potentiel, alternatif. Le millénarisme est une ligne que l'on retrouve aussi particulièrement dans les nouveaux mouvements religieux (NMR) – terme intégré au langage sociologique des années 1970-1980 pour éviter le mot négativement connoté de «secte». Il désigne la floraison de mouvances – visibles en Occident après la Seconde Guerre mondiale – mêlant appropriations diverses et héritage contre-culturel. Leur statut et leur rôle est généralement contesté par l'environnement séculier.
QAnon peut s'apparenter à un NMR si on le considère entre autres dans son rapport d'opposition aux institutions en place. Ses croyances sont éclectiques: elles impliquent des formes d'engagements forts induisant parfois l'isolement, des ruptures et divisions familiales, mais aussi l'adoption d'une posture de tension vis-à-vis des normes sociales.
n
Décoder QAnon Les mouvements religieux ont souvent des leaders identifiés, charismatiques. L'anonyme Q peut-il jouer ce rôle?
Q – lettre qui désigne aux Etats-Unis l'habilitation «secret défense» – s'est plutôt présenté au départ comme un lanceur d'alerte anonyme. Uniquement actif sur internet, il reste à ce jour une entité énigmatique dont on ne connaît toujours pas la véritable identité. Il pourrait aussi bien être une personne qu'un collectif. Même si Q est porteur d'un message à dimension religieuse, il est dépourvu du critère d'exemplarité, et ne propose ni mode de vie, ni système d'adhésion formel comme le font généralement les leaders charismatiques identifiés dans les (nouveaux) mouvements religieux. On peut se demander si le charisme symbolique dont jouit cette figure joue un rôle fédérateur ou d'identification chez les personnes qui soutiennent ce mouvement. Il pourrait aussi être identifié comme une «figure mythologique fondatrice». Les religions confèrent un rôle à la croyance: est-ce aussi le cas ici?
Effectivement les religions, tout comme QAnon, se construisent autour de 'connaissances révélées'. Les thèses de cette mouvance invoquent des 'évidences' qui ne sont pas vérifiables, émanant d'une source drapée d'un certain mystère. Le contraste entre cette connaissance révélée et l'insistance sur «l'esprit critique» est frappant. Premièrement la source de cette révélation est anonyme. Deuxièmement, aucune des allégations de QAnon n'est vérifiable. Les discours de ses sympathisant.es en Suisse se caractérisent par un rapport ambigu à la science: celle-ci est à la fois accusée d'être à la solde de «Big Pharma» et source d'autorité (on ne compte plus le nombre d'experts cités). De surcroît, ces thèses sont verrouillées et toute contradiction qui leur sont portées sont d'emblée évincées comme faisant le jeu de «l'Etat profond» et de son «ingénierie sociale». Ces croyances incluent le complot sataniste.
Si ce complot sataniste puise dans des thèses complotistes plus anciennes, le contenu des théories QAnon – les idées de fin du monde, d'avènement d'une figure salvatrice, la dualité bien/mal, l'existence de Satan – renvoie lui aussi à des structures religieuses ou pour le moins spirituelles. Selon le sociologue S. Jonathon O'Donnel (spécialiste des études américaines), l'accusation de satanisme s'explique par le rôle qu'occupe dans cette sphère une démonologie d'inspiration chrétienne charismatique. De plus, le millénarisme QAnon annonce un salut final qui passe par le politique: les individus sont appelés à s'éveiller, à mener des actions collectives. Là encore, en produisant cette voie de salut, QAnon se profile comme producteur d'un système religieux. Quel est l'impact des thèses QAnon en Suisse?
Jusqu'en 2020, l'audience des thèses QAnon est restée limitée aux sphères politisées proches de la droite radicale. Le contexte sanitaire de pandémie de COVID-19 aura suscité un élargissement de l'engouement. Si aux Etats-Unis, QAnon est associé aux courants chrétiens évangéliques et charismatiques, en Suisse romande, ses thèses se diffusent plutôt dans des mouvements de nouvelles spiritualités, de thérapies alternatives et des nouveaux mouvements religieux (NMR). Les messages sont édulcorés mais bien diffusés. On constate une convergence d'intérêts entre QAnon et certains acteurs et actrices des milieux thérapeutiques New Age. La constellation QAnon inspire de nombreuses personnalités suisses, mais son impact reste difficilement quantifiable, en raison des degrés divers d'adhésion, et des reformulations diverses. Une personne peut adhérer à un élément isolé, ou à une théorie dans son ensemble sans nécessairement approuver toutes les thèses. On observe néanmoins que les ramifications QAnon en Suisse se situent en proximité dans le milieu corona-sceptique, contestataire anti-mesures Covid, et «anti-système» (limité ici aux thèses anti 5G, anti-vaccins). Au niveau politique, QAnon a aussi fait récemment plusieurs apparitions dans des discours de membres de l'UDC. Cette mouvance est responsable d'actes violents. Faut-il craindre des dérives en Suisse ?
Les thèses QAnon ont effectivement justifié, voire motivé, des actes criminels à travers le monde (principalement aux USA). Si à ce jour de tels actes n'ont pas été signalés en Suisse, le risque de dérives existe. L'adhésion à ces théories peut avoir des effets sociaux tels que des risques de ruptures de liens et d'isolement. Un éventuel effet de polarisation des débats dans l'espace public est également possible. A la suite des élections présidentielles américaines, on escompte des effets politiques notamment dans une possible bataille juridique à venir d'ici au 20 janvier 2021, jour de la passation de pouvoir entre les candidats Trump et Biden. Aussi, Joe Biden a proposé un nouveau plan d'action de gestion de la crise du Covid-19. S'il impose de nouvelles mesures de protection, il y a fort à parier que les mouvements anti-masque, anti-vaccins et QAnon y réagissent fortement. Il est difficile de prévoir en revanche la réaction des partisans européens de QAnon dans les semaines à venir, ou d'anticiper d'éventuelles dérives. L'évolution de la crise du Covid et les suites judiciaires et médiatiques des élections américaines auront certainement un grand rôle à jouer. Avez-vous reçu des demandes de la part de famille ou de proches de personnes adhérant à des thèses complotistes?
Depuis quelque temps, le CIC en reçoit, oui. Concernant QAnon, des familles ou de personnes se sont inquiétées pour des proches ou connaissances adhérent-e-s à ces thèses. Dans ce cas, nous proposons notre dossier d'information, et des recommandations permettant de maintenir la communication et le dialogue. Ces recommandations sont disponibles sur notre site. Grâce à notre réseau de Centres d'information européen et canadien, le CIAOSN (Bruxelles) et Info-Secte (Montréal) – deux institutions également attentives à ce phénomène – le CIC peut anticiper certains faits et tendances.
États-Unis : pro-Trump, adepte des complots de QAnon, la nouvelle élue de Géorgie
Les Américains étaient appelés à renouveler la Chambre des représentants, en même temps que l’élection présidentielle. L’Etat conservateur de Géorgie a choisi Marjorie Taylor Greene, soutien de Donald Trump et proche de la mouvance complotiste QAnon, qui fait ainsi son entrée au Congrès.
Elle fait partie des "winners", les gagnants que Donald Trump aime tant, et qu'il a même encouragés sur Twitter. Mardi, alors que les Américains ont voté pour choisir leur président entre le sortant Trump et l’ancien vice-président Joe Biden, les citoyens devaient également renouveler un tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants. En Géorgie, bastion républicain, c’est sans surprise Marjorie Taylor Green qui a été élue, twittant "grande victoire ce soir!".
Plus étonnant pour une élue, les références de la républicaine de 46 ans s'avèrent aussi des “opinions racistes, islamophobes et antisémites”, selon les révélationsPolitico. Elle ne s’en cache pas, elle est proche de la mouvance QAnon.
Elle a propagé les théories du complot
Marjorie Taylor Greene a adhéré au complotisme de QAnon dès les premiers messages du groupe. Dans cette guerre secrète, la républicaine déclare en 2017 qu’il faut "éliminer cette cabale mondiale de pédophiles satanistes" estimant que Donald Trump était "le meilleur président qu’il faut pour cela". Pour elle, les Blancs sont "le groupe le plus maltraité" des Etats-Unis. C’est d’ailleurs sur cet argument que Trump espère engranger des voix pour sa réélection. Le racisme envers les Noirs ? Il n’y en a plus selon Marjorie Taylor Greene. Deux femmes musulmanes élues en 2018 à la Chambre des représentants ? "Une invasion islamiste".
Marjorie Taylor Greene se dit "pro-vie, pro-armes, pro-Dieu". Elle n’hésite pas à apparaître armée dans ses clips de campagne. Certaines images ont d’ailleurs été retirées par Facebook estimant que la candidate faisait l’apologie des armes. Pour le journal de Géorgie The Atlanta et relevé par Courrier international, c’est elle “qui a propagé les théories conspirationnistes de QAnon et a fait des déclarations racistes et xénophobes dans des vidéos publiées sur les réseaux sociaux".
Son élection va-t-elle légitimer ces théories qui ne véhiculent que la haine de l’autre ? “La question est maintenant de savoir si cela représente le début de l’ascension politique de QAnon ou si cette entrée au Congrès sera son apogée”, estime le New York Times. Tout dépend en fait du résultat de l’élection présidentielle qui reste pour le moment incertain.
Si Donald Trump ne l'a pas officiellement soutenue pendant sa campagne, il l'a félicitée pour sa primaire gagnée l'été dernier : "Marjorie est forte sur tous les points et n’abandonne jamais, une vraie GAGNANTE !"
"Tout d'abord, le capitalisme n'est pas un complot : il ne se cache pas. Nous savons parfaitement comment il fonctionne, de même que nous connaissons aussi bien ceux qui en profitent que ceux qui en pâtissent. Pourtant, au lieu de combattre clairement et nommément le capitalisme, le complotisme procède systématiquement en détournant le regard ailleurs au prétexte d'ennemis imaginaires qui, bien souvent, paraissent encore plus difficiles à combattre. Le complotisme fabrique des leurres, des chimères, des fantômes qui compliquent l'affaire de ceux qui y croient. Le complotisme est donc très utile au capitalisme parce qu'il brouille la réalité du problème, grossit la difficulté et favorise par conséquent la résignation." Pour lutter, il est indispensable d'y voir clair, de ne pas se tromper d'objectif, de problème, d'ennemi, et de ne pas prendre des vessies pour des lanternes ni des moulins à vent pour des géants. Le capitalisme est une simple affaire d'hommes et de femmes, parmi lesquels certains en exploitent d'autres et s'offrent les services d'un panel de collaborateurs qui prennent ainsi leur commission pour contribuer à maintenir cet état de fait. C'est cette société qu'il nous revient d'abattre pour l'émancipation sociale et la sauvegarde de la vie. Tout le reste n'est que dispersion abrutissante, inutile et nuisible. Le complotisme est un fléau, tout comme le fascisme et le confusionnisme.