• Nocturama

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    Nocturama

    Réalisé par Bertrand Bonello (2016)

    On aime passionnément

    Durée 130 mn

    Nationalité : franco-allemand

     

    Avec Finnegan Oldfield (David) , Vincent Rottiers (Greg) , Hamza Meziani (Yacine) ... Voir la distribution

     

    Nocturama - Bande Annonce

    A Paris, de nos jours, des jeunes gens déambulent dans le métro et dans les rues de la capitale. Chacun d'entre eux accomplit des tâches aussi précises que mystérieuses, répondant à des messages cryptiques reçus sur les téléphones portables en leur possession. Soudain, plusieurs bombes explosent dans Paris. Les jeunes gens, parmis lesquels David, Yacine, Sabrina, Mika, Sarah et Omar, se retrouvent à la nuit tombée dans un grand magasin. Avec la complicité d'un vigile, ils entrent dans le bâtiment fermé au public. Pendant ce temps, la panique a envahi la ville et les politiques se perdent en conjectures...
     

     

    Par Louis Guichard

    Il faut dire d'emblée ce que ce film n'est pas : une fiction inspirée par les attentats terroristes ayant frappé la France depuis janvier 2015. Nocturama était déjà écrit à cette date — et tourné avant les événements du 13 novembre. On peut relever de troublantes convergences entre certains détails et le déroulé des tragédies réelles. Relever, aussi, la pertinence du constat qui sous-tend le film : notre société a fini par devenir une poudrière. Mais Nocturama ne traite pas de l'islamisme. Il se situe comme en amont, ou en surplomb, de la sinistre actualité.


    "Nocturama ": un film explosif dans la France post-attentats

    Un jugement sans appel sur le monde

    Bertrand Bonello part de l'avant-Charlie. Il voit des jeunes désespérés, toutes catégories sociales confondues : des fils à papa au chemin fléché vers l'ENA, des filles et des garçons d'Aubervilliers ou de Saint-Denis, étudiants, chômeurs, précaires, noirs, arabes, blancs. A peine devine-t-on, grâce à plusieurs flash-back, comment ils se sont liés les uns aux autres. Mais on pressent que leur jugement est sans appel sur le monde qui les attend, ou plutôt ne les attend pas.

    La première partie est aussi précise, minutée et tendue qu'un film de braquage américain. L'heure apparaît régulièrement en surimpression. Quelque chose d'inéluctable se trame. Les personnages, disséminés dans Paris, du métro aux tours de la Défense, s'affairent, seuls ou à deux, à pénétrer des lieux sécurisés. Mais ce film d'action rappelle aussi, étrangement, le style de deux grands cinéastes français très éloignés de Hollywood : Robert Bresson et Jacques Rivette. Bresson pour la révolte secrète, dans Le Diable, probablement, de la jeunesse des années 1970 refusant l'ère de la consommation et de la croissance. Rivette pour l'atmosphère mystérieuse de complot à travers la capitale, pour la fluidité des déplacements, telles des filatures, et les passages de relais.

    Dans ces opérations coordonnées, simultanées, l'apparence de maîtrise et de rationalité se fissure peu à peu. Ce n'est presque rien, au début. Il y a ces selfies improvisés, que prennent les personnages, laissant planer un soupçon d'inconséquence ou, au contraire, de lucidité kamikaze. Il y a ces portes blindées qui ne s'ouvrent pas comme prévu. Puis, déjà, un geste incontrôlé et fatal, immédiatement payé au prix fort. Cette scène allusive, hors champ, reviendra, plus tard, hanter le groupe, tel un cauchemar dans le cauchemar.

    “On aurait dû faire sauter Facebook !” 

    Car la deuxième heure est, elle, foudroyante de tragique, d'intelligence et de beauté : Nocturama est autant un film d'artiste et d'esthète qu'un film poli­tique. Une fois commis l'irréparable, les jeunes se retranchent dans un grand magasin chic. Ils pensent s'y cacher pour la nuit, avant de pouvoir reprendre le cours de leur vie. Mais dans ce temple des choses, d'abord calme comme l'œil du cyclone, tout se dérègle et devient irréel. Hagards parmi des montagnes d'articles de luxe, incertains du résultat de leurs actions, entre déni et incrédulité, ils transgressent toujours plus leurs règles de survie.

    Nocturama -- Exclusive Clip

     

    Le grand magasin devient alors la métaphore fulgurante de la société matérialiste qui aimante, à leur corps défendant, ces filles et garçons nihilistes, mais incapables de résister à la tentation d'enfiler vestes et chemisiers de marque. Il devient aussi un éblouissant décor de cinéma à plateaux multiples : music-hall, dressing, chambre à coucher, salle de bains... On peut quasiment s'y marier, il y a les robes, les costumes et les alliances pour ça. Tous les objets qu'on est supposé accumuler jusqu'à la fin de ses jours. Toute une vie, en un condensé clinquant, dérisoire.

    Ivres d'alcool hors de prix, grisés par leur pouvoir de destruction (« On aurait dû faire sauter Facebook ! »), terrorisés à l'idée de mourir, les petits criminels deviennent pathétiques, et finalement enfantins. Nocturama devait, à l'origine, s'intituler Paris est une fête (en référence au livre de Hemingway), titre abandonné, puisque devenu le slogan de la capitale après le 13 novembre 2015. Comme antiphrase, c'était la juste expression, la plus ironique, du malaise de civilisation dont Bertrand Bonello fait apercevoir, avec éclat, l'étendue vertigineuse. 

    Pixies - Where Is My Mind (Official Video)

      
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    Trois fois la fin du monde
    Il y a du Luchino Visconti chez Bertrand Bonello, dans son goût pour la peinture d'univers déliquescents, point commun de ses trois derniers films. En 2011, L'Apollonide évoquait, à la toute fin du XIXe siècle, les dernières années d'une maison close à l'ancienne. En 2014, Saint Laurent, biopic ultra stylisé du couturier, racontait, en filigrane, le crépuscule des années 1970 et de leur esprit dionysiaque, balayé par la financiarisation du monde. Aujourd'hui, Nocturama, portrait d'un groupe terroriste, dont certains membres sont des privilégiés, suggère, ni plus ni moins, l'autodestruction de la société.

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