"Le système Soral, enquête sur un facho business", avec Robin D'Angelo et Mathieu Molard
Robin D'Angelo et Mathieu Molard , jeunes journalistes pour le site d'information StreetPress, sont les auteurs de cette première biographie écrite sur Alain Soral . Ils ont minutieusement décortiqué le « système Soral » qui fructifie sur internet, nourrides obsessions de celui qui prétend être un intellectuel « dissident » : les féministes, les homos, les bobos et bien sûr les juifs.
Son parcours ? De l'extrême gauche – un engagement éclair et dilettant - à l'extrême droite où il fréquente Jean-Marie Le Pen et son entourage : Philippe Péninque , un des co-fondateurs du site ultra populaire d'Alain Soral : « Egalité et Réconciliaton » ou encore Philippe Chatillon , conseiller de Marine Le Pen.
Ancien pubard, Alain Soral est très doué : il veut incarner à tout prix l'anti-système et a mis en place une stratégie de la transgression pour rameuter les foules. Son fonds de commerce : les théories conspirationnistes
Et cela fonctionne : il ratisse large et attire un public jeune - moins de quarante ans - mais très varié - : des étudiants, jeunes chômeurs, petits Blancs ou Français issus de l'immigration, de gauche, abstentionnistes, et pas tous d'extrême droite. Ils sont des millions à visionner ses vidéos.
Le business rapporte : Alain Soral est éditeur, fournisseur prolixe de videos en ligne payantes, fondateur d'un site d'équipements survivalistes, surfant ainsi sur la ligne écolo, avec l'ouverture en ligne d'une épicerie équitable !
Dans le système Soral, marketing, business et droite radicale constituent un cocktail explosif.
"Le système Soral, enquête sur un facho business", avec Robin D'Angelo et Mathieu Molard
Il bénéficiait encore récemment d’une relative audience et d’une certaine capacité de nuisance. Mais depuis trois ans, toutes deux s’effondrent : en roues libres, le pitoyable idéologue Alain Soral parvient de moins en moins à faire illusion auprès de ses adeptes. La fin des haricots ?
Il y a peu, il se rêvait encore en haut de l’affiche, le bras levé. Et multipliait les postures fantasmées. Courageux résistant au système. Âme damnée de l’ultra-droite tirant les ficelles en coulisse. Idéologue posant un renouveau, à une sauce très personnelle, du national-socialisme. Dénonciateur obstiné des juifs, gauchistes, antifas, bien pensants. Oui, tout ça.
Comme Alain Soral a un incontestable don pour faire passer des vessies pour des lanternes et pour proclamer tout et son contraire en donnant à l’auditeur abêti l’impression de saisir la façon dont (dis)fonctionne le monde, il s’était constitué depuis 2007 une certaine audience. Et attirait à lui les antisémites revendiqués comme les jeunes gens (surtout des hommes) perdus en recherche d’une mensongère vérité. D’où une stature centrale au sein de l’auto-proclamée « dissidence », marigot fangeux où nagent de médiocres poissons aux tendances diverses – boneheads, négationnistes, national-socialistes, antisémites, suprémacistes, survivalistes, etc.
Bref, il était au faîte de sa (modeste) gloire. L’officine Égalité et Réconciliation (ER), lancée en 2007, lui tenait lieu de rentable PME [1] aussi bien que de micro-parti tout dévolu à sa petite personne. Il pouvait se targuer d’une certaine popularité, sur Internet [2] comme en dehors. Et il se vivait en ennemi désigné de la République, idéologue à abattre – Valls l’avait même fustigé dans l’un de ses discours. Et puis, tout est parti en quenouilles. Plouf, le château s’est écroulé. Chronique d’une chute sans limite.
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