Plusieurs événements de cette année 2017 posent la question de la protection des sources, indispensable au travail des journalistes d'investigation.
Secrets d'Info, le magazine de la Cellule Investigation de Radio FranceEn 2017, deux rapports ont fuité dans la presse française :
- le projet de réforme du code du travail,
- le projet de réforme de l’audiovisuel public.
Dans les deux cas, les ministres Muriel Pénicaud, puis Françoise Nyssen, ont menacé de déposer plainte. Pour Luc Bronner, directeur des rédactions du Monde, même si aucune plainte n'a en réalité été déposée, cette posture représente une menace réelle :
"La menace vise les sources, elle vise à tarir les sources d'informations. C'est une réaction de protection, avec des moyens qui, selon moi, sont scandaleux d'un point de vue politique."
Pourquoi la protection des sources est-elle si importante pour les journalistes ?tout simplement parce que, comme le souligne Fabrice Arfi, journaliste à Médiapart, sans sources, les journalistes ne peuvent pas faire de révélations d'intérêt général :
"Notre métier consiste précisément à obtenir des informations ou des documents auprès de gens qui ne sont pas censés nous les donner, parce qu'il viole des règlements voire la loi".
Et de rappeller l'exemple d'Edward Snowden qui en 2013 a transmis à la presse anglo-saxonne des documents confidentiels de la NSA. Sans cela, les journaux The Guardian et The Washington Post n'auraient pas pu révéler la surveillance de masse exercée par la NSA.
On ne remplit pas une mission de police, mais de révélation journalistique.
Un autre type de menace pèse sur l'exploitation de données massives par les consortiums de journalistes. Ainsi en décembre 2017, le cabinet de conseil Appleby, dont une fuite de données est à l’origine de l’opération des Paradise Papers, a entrepris de poursuivre en justice The Guardian et la BBC. Le cabinet compte sur le prononcé de fortes amendes et demande la publication de la totalité des données piratées afin de déceler d’où vient la fuite. Luc Bronner estime que cette démarche pose problème :
"Leur méthode vise à obtenir que les médias soient contraints de rendre publiques ces données. Or, dans notre travail, on tient une ligne ferme face aux autorités policières : on ne transmet pas les données. On ne remplit pas une mission de police ou de justice, on fait un travail de révélation journalistique."
A priori, The Guardian et la BBC ne divulgueront pas leurs sources.
Du global au local, l'investigation se développe
Pourtant le journalisme d'investigation s'étend sur le terrain et des initiatives sont encourageantes. Ainsi en régions des journalistes de la presse quotidienne régionale qui ne parviennent pas à exploiter certaines informations les donnent à des confrères qu’ils jugent plus indépendants. Jacques Trentesaux, fondateur du journal en ligne Médiacités présent à Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, a observé ce phénomène :
"En régions, vous réfléchissez à deux fois avant de publier, car vous n'êtes pas sûrs d'être soutenus par votre rédaction. On a des cas incroyables : des infos fuitent de confrères de la presse régionale car ils estiment qu'ils ne pourront pas publier dans leurs colonnes."
Pourtant le journalisme d'investigation s'étend sur le terrain et des initiatives sont encourageantes. Ainsi en régions des journalistes de la presse quotidienne régionale qui ne parviennent pas à exploiter certaines informations les donnent à des confrères qu’ils jugent plus indépendants. Jacques Trentesaux, fondateur du journal en ligne Médiacités présent à Lille, Lyon, Nantes et Toulouse, a observé ce phénomène :
"En régions, vous réfléchissez à deux fois avant de publier, car vous n'êtes pas sûrs d'être soutenus par votre rédaction. On a des cas incroyables : des infos fuitent de confrères de la presse régionale car ils estiment qu'ils ne pourront pas publier dans leurs colonnes."