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    Flores Magon

    « l'antimilitarisme ouvrier n'a pas sa source dans une horreur abstraite ou sentimentale de la guerre et de l'armée ; il a sa source dans la lutte de classe ; il est né de l'expérience des grèves et des luttes, où toujours, en face de lui, l'ouvrier rencontre l'armée, gardienne du Capital et gardienne de l'Ordre, en sorte qu'elle lui est apparue comme un simple prolongement de l'atelier capitaliste, et par conséquent comme le symbole vivant de sa servitude.
    un communard »
    ( peut être Jules Vallès)


     Les sales majestés - Champs d'honneur

    Ce sont les même enculés qui nous envois combattre notre prochain. Mais je ne regrette, je ne serais plus un assassin. J'aurais mieux fait de déserter, et je meurs lentement alors que je n'ai pas 20 ans. Mais je ne regrette rien, je ne serais plus un assassin.Les sales majestés - Champs d'honneur

    Le cynisme des vainqueurs



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    contre le défilé militaire du 14 Juillet ; la photo de Loïc Citation's.

     
    Aucun texte alternatif disponible.
    Loïc Citation's

    ♫ Le jour du 14 Juillet, Je reste dans mon lit douillet ;
    La musique qui marche au pas, Cela ne me regarde pas. ♩ (Brassens)

    « Vous avez cru jusqu’à ce jour qu’il y avait des tyrans ? Et bien ! Vous vous êtes trompés, il n’y a que des esclaves : là où nul n’obéit, personne ne commande. » 
    Anselme Belleguarrigue – l’Anarchie

    Qu’importe l’issue d’une guerre, la souffrance sera le grand vainqueur de chacun des camps. Que l’on se dise vainqueur, ou vaincu, quelle importance quand notre cœur est fendu ? Mon ennemi travaillait dans une usine au profit d’un patron, moi aussi. 
    Je travaillais chez Ford, lui aussi. 
    On dit que même sous le nazisme Henry Ford qui est américain, continuait à faire marcher ses usines en Allemagne. Il a même reçu en 1938 la « Grand-Croix de l'ordre de l'Aigle allemand », plus haute décoration nazie pour les étrangers. Au plus fort de la crise, il alimenta l’effort de guerre en Allemagne comme en Amérique.

    « On nous dit : vous devez respecter la patrie, mourir pour elle. Mais, pour moi, la patrie c'est toute la terre. La patrie, c'est là où je vis, en Allemagne, en Russie, en France. Elle est partout où je me trouve heureux. Si les ouvriers réfléchissaient un peu, ils comprendraient qu'entre capitalistes il n'existe pas de frontières. Que ces rapaces s'organisent pour mieux les oppresser. » 
    Raymond La science

    Devrais-je en faire autant ? M’organiser avec l’ennemi de ma patrie, mais allié de conditions sociales ? Nos nations et Etats nous ont toujours divisés de par leurs frontières. Mais qu’en est-il de mon cœur ? Y a-t-il frontière à mon amour ? 
    Il nous faut internationalement lutter contre les méfaits du capitalisme. Si les travailleurs d’un pays arrivent à réduire les méfaits de l’exploiteur, ils n’ont rien gagné si en d’autres contrées celui-ci sévit toujours. Ne point profiter de la faiblesse du tyran, contraint de réduire le poids de son joug où il n’a plus prise, vacillant sur un seul pied, cherchant désespérément où poser l’autre qu’il fut contraint de lever. Se contenter d’un «not in my garden» en se reposant sur une victoire isolée, nationalisée. C’est, soit condamner les travailleurs d’autres lieux à recevoir le poids non plus d’un seul mais des deux pieds de l’exploiteurs, soit nous condamner nous-même, dans notre repos et inattention, à le voir revenir un jour. 
    Apprenant par l’expérience de son échec, il sera d’autant plus malin, manipulant par ruse intellectuelle l’esprit de révolte afin qu’il ne s’éveil point chez les exploités. Et si cela échoue, il tentera sournoisement de diriger l’indignation vers d’autres horizons, sur quelques boucs émissaires afin d'éveiller l’esprit nationaliste. Mieux vaut une guerre de populaces qu’une guerre de classe ! 
    Mais si la conscience gagne petit à petit le plus grand nombre, si l’affrontement devient inévitable, le pouvoir sait user de la force comme il le fit à la commune de Paris pour mater l’insurrection, 30 000 victimes. Un massacre possible grâce à « ceux qui ne sont pas là pour penser », ceux qui obéissent et font naître les tyrans (pour paraphraser la citation d’Anselme Belleguarrigue).

    Nuit du 14 au 15 Juillet 2017

    « Pas de guerre entre les peuples, 
    Pas de paix entre les classes ! »

     

    ÉDITORIAL • De la guerre froide au Grand Jeu

     

    Veto russe et chinois sur la Syrie, menace israélienne de frappes en Iran, tergiversations occidentales, succession périlleuse en Corée du Nord…

     L’actualité en 2012 - 2016 est décidément géostratégique,aprèsavoirété politique en 2011 avec les “indignés” et les “printemps arabes” . Pour comprendre ce qui se passe, un retour en arrière s’impose. Car la situation présente évoque ce qu’on a appelé le Grand Jeu, une lutte sourde entre la Russie et la Grande-Bretagne tout au long du XIXe siècle. Ces deux puissances coloniales voulaient alors contrôler l’Asie centrale, ses richesses minières et, pour Moscou, son accès à la mer. Coups bas, espionnage, renversements de potentats locaux étaient le lot commun de ces contrées, avec la Perse déjà au cœur du conflit


     
    Guerre Froide dans le Grand Nord (Documentaire) - vidéo Dailymotion Sous l'administration Reagan, à la fin de la guerre froide, les opération de désinformation ont été mise a pied pour affaiblir leur grand rival, l'URSS. Il existait même un "comité des opérations de leurre" !
    Des témoins clés témoignent. Passionant. 

    Les guerres cachées contre Daech - EnkoloChair a Canons - EnkoloTag Le monde sous les bombes - Enkolo

    publication.8 août, 18:43

     

    A lire Guerre Froide dans le Grand Nord Créé le vendredi 28 octobre 2016, 14 juillet : fête des tueurs - l'indigné révolté

    Relents de guerre froide , La guerre de demain?De Nuremberg a TokyoAllemagne, année zéro

    Des armes pour le monde Arte 6 l’Indigné révolté , Des armes pour le monde ArtePaths of Glory" ("Les sentiers de la gloire"), Le complexe militaro-industriel


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    sa publication.

     
     
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    Société Messieurs les censeurs, bonsoir Genre : Société A voir ce soir sur LCP http://www.ina.fr/video/I00019053 : Des nouveaux inquisiteurs, aux islamistes, en passant par la question des oeuvres interdites par l'Etat, rien n'est censuré dans ce documentaire.

    Messieurs les censeurs, bonsoir

     

    En janvier 2015, la rédaction de Charlie-Hebdo est décimée par des terroristes islamistes. La France bouleversée qui se croyait libre de tout dire comprend qu'il n'en est rien. La censure, loin d'avoir disparu, existe toujours en France, sous une forme nouvelle, désormais aux mains de la société civile, invisible, protéiforme, arbitraire. «Messieurs les censeurs, bonsoir» explore les formes actuelles de la censure en France, dans les domaines de l'art et de l'information, du «Piss Christ» d'Andres Serrano à «La Religieuse» de Jacques Rivette en passant par les caricatures de Mahomet ou «Le Mur» de Dieudonné.Maurice Clavel: "messieurs les censeurs bonsoir!"

     

     

    Par Yohav Oremiatzki

    Destruction de la photographie d'Andres Serrano Immersion (Piss Christ) par des ­ultra-catholiques, en 2011 ; violents débordements dans des théâtres parisiens organisés par Civitas (1) autour de la pièce de Romeo Castelucci Sur le concept du visage du fils de Dieula même année ; tentatives de l'association proche de l'extrême droite Promouvoir de faire annuler le visa d'exploitation de films comme La Vie d'Adèle ; Charlie Hebdo poursuivi en justice par l'Union des organisations islamiques de France et la Grande Mosquée de Paris en 2007, pour avoir publié des caricatures de Mahomet l'année précédente...

    « En faisant le pari de la tolérance, la France a quasiment renoncé à la censure d'Etat pour l'abandonner à la société », explique Valérie Manns en introduction de ce film particulièrement dense (trop ?), passionnant et équilibré. Trouvant la bonne distance, la réalisatrice recense et analyse à froid les formes actuelles de la censure en s'appuyant sur des exemples historiques pour mieux mesurer leur impact sur l'art et l'information. Pour ce faire, elle donne la parole à « sept acteurs de la censure, représentants d'un Etat défendant nos libertés ou minorités furieuses souhaitant nous les soustraire ». Rien n'est donc censuré dans ce documentaire qui s'interroge sur les limites de la tolérance et expose les dangers de la bigoterie. Questionner le droit à la liberté d'expression dans un contexte d'état d'urgence prolongé donne d'autant plus de force au film. — Yohav Oremiatzki

     

    (1) Association catholique intégriste et d'extrême droite, transformée en parti politique en 2016, Civitas se définit elle-même comme lobby catholique traditionaliste.

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    Special Report: Terror In Paris - YouTube

    Le 11 septembre 2001, Al-Qaida attaquait les Etats-Unis, lançant des avions contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington

     La stratégie de la mouche: pourquoi le terrorisme est-il efficace ?

    George W. Bush qualifie la guerre contre le terrorisme de "combat pour la civilisation"

    Le président américain a appelé, le 12 septembre 2009, les Etats-Uniens à surmonter leurs divisions et a promis la capture d'Oussama Ben Laden.

     Le 11 septembre, l’Amérique est victime de stupéfiants attentats terroristes. Dès le 12, tôt le matin, Le Monde inscrit sur son site web un article intitulé : « La prédiction de Samuel Huntington : le début d’une grande guerre ». Quelques heures après, on peut voir sur le même site le texte d’un entretien avec le célèbre professeur de Harvard réalisé en 1997 par le journal, l’année de la parution de la traduction française de son ouvrage Le choc des civilisations [1]

    ""COMBAT IDÉOLOGIQUE DÉCISIF DE CE XXIe SIÈCLE"

    "Oussama Ben Laden et d'autres terroristes continuent à se cacher. Le message que nous leur adressons est clair : peu importe le temps que cela prendra, l'Amérique vous trouvera et vous jugera", a promis M. Bush...

    M. Bush a réaffirmé que l'Irak était l'un des théâtres d'un "combat idéologique décisif de ce XXIe siècle. (...) On a appelé ce combat 'choc des civilisations'. En vérité, c'est un combat pour la civilisation. Nous nous battons pour préserver le mode de vie des pays libres".

     l a aussi justifié ce combat par sa volonté de répandre la démocratie au Proche-Orient et d'offrir "une autre voie que l'extrémisme". "Si nous ne remportons pas la victoire contre les terroristes aujourd'hui, nous laisserons à nos enfants un Proche-Orient regorgeant d'Etats terroristes et de dictateurs extrémistes dotés d'armes nucléaires."


    Monde et terrorisme: De Ben Laden à Daesh documentaire 2016 HD

     

     Quelle concrétisation plus spectaculaire imaginer, en effet, à ce titre que le télescopage fracassant des avions détournés par des terroristes islamistes avec les bâtiments emblèmes des deux capitales de l’Amérique : les tours du World Trade Center de New York, le centre de sa puissance culturelle et financière, le Pentagone à Washington, le cœur de son pouvoir politique et militaire ? 

    Le 11 septembre annonce-t-il un « choc des civilisations » ? | Cairn.info

     
    Noami Klein : La Stratégie du Choc .

     Alors qu’aux yeux de bien des observateurs le XXIe siècle vient de commencer, la prophétie de Huntington ne fournirait-elle pas la clé pour la compréhension du nouveau monde qui, avec la fin de la guerre froide, est né ? Déjà un classique traduit dans plusieurs dizaines de pays étrangers, le livre connaît un formidable regain de popularité. Mais dans quelle mesure la thèse rend-elle compte de la réalité ?

     

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     'Ouest rien de nouveau Le modèle démocratique est aujourd'hui plus l'exception que la norme et son recul contemporain à l’échelle mondiale rappelle la récession des démocraties durant l’entre-deux-guerres. 2 partages

     

    Emission du 23/05/2017

    Un quart de siècle après la chute du mur de Berlin et la fin de la Guerre froide, l'Union européenne est confrontée à toute une gamme de nouvelles tensions à sa périphérie. Syrie, Irak, Libye, Sahel, Ukraine, Jean-Christophe Victor tente de faire une synthèse de ces nouvelles zones d'insécurité, perçues comme des menaces par les États européen
     
    Terrorisme, raison d'Etat (1/2) - ARTE - YouTube

    Après l'Afghanistan, les Etats-Unis ont commis une erreur majeure. Ils ont attaqué l'Irak, donnant deux mauvaises raisons de faire la guerre : Bagdad aurait été lié à Al-Qaida, ce qui était faux, et aurait possédé des armes de destruction massive, ce qui s'est révélé également faux. Depuis trois ans et demi, l'aventure irakienne a tourné au cauchemar.

     attacks in London A lire 03/07/2016 Qu'est-ce qu'un terroriste ?  ,

    En Irak et ailleurs, l'administration Bush a foulé aux pieds nombre des valeurs américaines pourtant brandies a tout bout de champ par la Maison Blanche. Washington a violé le droit international, ouvert Guantanamo, autorisé la torture des prisonniers et restreint les libertés civiles aux Etats-Unis.

    Après l'Afghanistan, les Etats-Unis auraient dû concentrer leurs forces contre Al-Qaida. Ils auraient dû s'occuper de pays qui, s'ils sont leurs alliés, sont minés par l'idéologie islamiste et entretiennent des réseaux de soutien au djihad, tels le Pakistan et l'Arabie saoudite. Ils auraient dû mener une politique veillant à répondre au sentiment qu'ont des musulmans d'être des victimes, notamment en incitant Israël à faciliter la création d'un Etat palestinien.

    L'objectif demeure de détruire Al-Qaida et de déligitimer son idéologie. Mais la tâche est aujourd'hui nettement plus rude. En 16 ans, les Etats-Unis ont poussé le monde vers le choc des civilisations voulu par Al-Qaida puis par sa petite soeur devenue grande Daesch, Etat Islamique

      Les erreurs de Bush - Le Monde , Bilan de la guerre "contre le terrorisme"

    Aujourd'hui L’organisation djihadiste est repoussée des frontières de la Syrie et se concentre dans son dernier repli, dans la vallée de l’Euphrate.

    Oui mais le risque terroriste de Daesch se déplacent a l'Afrique et l'Asie : DE L’AFGHANISTAN AUX PHILIPPINES.   L'enquête  en Espagne avec les attaques en Catalogne démontre que le terrorisme islamiste dispose d'une faculté d'adaptation qui le rend difficile à combattre

    Les attaques de Barcelone et de Cambrils marquent pour Daech une relance de sa campagne terroriste à l’échelle du continent européen.

     Dans un long message audio diffusé en septembre 2014, Abou Mohammed Al-Adnani, considéré par les services de renseignement occidentaux comme le porte-parole de l'État islamique, appelait en effet ses partisans à mener des attaques avec n'importe quels moyens, y compris en fonçant sur leurs ennemis depuis un véhicule: «Si vous ne pouvez pas faire sauter une bombe ou tirer une balle, débrouillez-vous pour vous retrouver seul avec un infidèle français ou américain et fracassez-lui le crâne avec une pierre, tuez-le à coups de couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le d'une falaise, étranglez-le, empoisonnez-le.»

    La stratégie de la mouche: pourquoi le terrorisme est-il efficace ? 

     A (re)lire, pour prendre un peu de recul #Barcelona #terrorisme#uneautrepolitiqueestpossible La stratégie de la mouche: pourquoi le terrorisme est-il efficace ?
     
    Il fait relativement peu de victimes, n'endommage pas les infrastructures de l'ennemi. Et pourtant, ça marche. Par Yuval Noah Harari, auteur de “Sapiens”.
     
    • Fin mars 2016, au lendemain des attentats de Bruxelles, Yuval Noah Harari nous avait fait parvenir cette réflexion sur "le théâtre de la terreur". Elle reste, hélas, plus que jamais d'actualité. Nous la republions. 

    Le théâtre de la terreur

    Désormais, nous serons gouvernés par la peur et les bons sentiments

    The Siege 1998 Bruce Willis ✪ Bruce Willis Movies, Denzel Washington, Annette Bening

     


    The Siege 1998 on Vimeo

    Tout se passe comme si les sociétés occidentales ne pouvaient pas penser le djihadisme en dehors du registre de la psychiatrie.

    Un terroriste, c’est comme une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est bien incapable de déplacer ne serait-ce qu’une tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. C’est ainsi, par exemple, que la mouche Al-Qaeda a amené l’éléphant américain à détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient.

    Comme son nom l’indique, la terreur est une stratégie militaire qui vise à modifier la situation politique en répandant la peur plutôt qu’en provoquant des dommages matériels.... Dans le cas du terrorisme, la peur est au cœur de l’affaire, avec une disproportion effarante entre la force effective des terroristes et la peur qu’ils parviennent à inspirer.

    A lire Jean-Pierre Filiu : "En Syrie, les monstres ont été réveillés et lâchés"

    C'est quelque chose de finalement très contemporain : on peut gagner une guerre sans mettre le pied dans le pays. 
    LE MONDE SOUS LES BOMBES DE GUERNICA A HIROSHIMA

    n les   progrès technologiques ont accouché de nouvelles promesses ou plutôt de nouvelles illusions. Sous les bombes, c’est toujours la même terreur". "Good Kill", un film édifiant sur l'utilisation des drones - 26 avril 2015 

    Modifier une situation politique en recourant à la violence n’est pas chose aisée (..)  Il fallut encore deux ans et des millions de victimes supplémentaires pour que la situation bascule. En comparaison, le terrorisme est un petit joueur. Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016 ont fait trente et un morts...  Mais cela reste dérisoire en comparaison du prix de la guerre conventionnelle. Faites le compte de toutes les victimes (tuées ou blessées) ous resterez toujours très en-deçà du nombre de victimes de n’importe quelle obscure bataille de l’une ou l’autre guerre mondiale.

     A lire La guerre de demain?

    Aujourd’hui, pour chaque Européen tué dans une attaque terroriste, au moins un millier de personnes meurent d’obésité ou des maladies qui lui sont associées. Pour l’Européen moyen, McDonalds est un danger bien plus sérieux que l’État islamique

     

    Comment alors les terroristes peuvent-ils espérer arriver à leurs fins ? À l’issue d’un acte de terrorisme, l’ennemi a toujours le même nombre de soldats, de tanks et de navires qu’avant.... Ce qu’espèrent pourtant les terroristes, quand bien même ils n’ébranlent qu’à peine la puissance matérielle de l’ennemi, c’est que, sous le coup de la peur et de la confusion, ce dernier réagira de façon disproportionnée et fera un mauvais usage de sa force préservée.


     

     

     

    A lire Couvre-feu : Les lois d'urgences - l'indigné

    Le chef des forces américaines au Moyen-Orient a qualifié hier Civils tués à Mossoul: "une terrible tragédie" n,  la mort de nombreux civils dans des frappes aériennes à Mossoul en Irak, 

     

    Leur calcul est le suivant: en tournant contre eux son pouvoir massif, l’ennemi, fou de rage, déclenchera une tempête militaire et politique bien plus violente que celle qu’eux-mêmes auraient jamais pu soulever Terrorisme, raison d'Etat (1/2) - ARTE - YouTube La « mère de toutes les bombes » larguée en Afghanistan par les Etats-Unis En utilisant cette arme contre des djihadistes de l’EI, Washington met en scène sa détermination. De Ben Laden a EI

     

     lire 24/07/2016 Afghanistan, le prix de la vengeance , A voir Afghanistan, le prix de la vengeance 2012 - YouTube : A lire Terrorisme, raison d'Etat , COMPTE RENDU 2 400 morts, 20 000 blessés, 840 milliards de dollars : le lourd bilan américain en Afghanistan 41 Le président Donald Trump a annoncé des renforts de troupes dans le pays, où l’armée américaine est présente depuis 2001.

    Jean-Pierre Filiu : "En Syrie, les monstres ont été réveillés et lâchés"

    Syrie : Raqqa est le «pire endroit sur terre» selon l'ONU «Je ne peux pas imaginer un pire endroit sur terre», a déclaré Jan Egeland, chef du groupe de travail humanitaire de l'organisation pour la Syrie. les personnes vivant dans Raqqa étaient «prises au piège dans un labyrinthe mortel où ils sont sous le feu de toutes parts».

    Les terroristes ne peuvent pas prévoir exactement ce qui sortira de leur action de déstabilisation, mais ce qui est sûr, c’est que la pêche a plus de chance d’être bonne dans ces eaux troubles que dans une mer politique calme. Donald Trump, le « candidat des djihadistes » ? Selon le Monde passé les manifestations d’« indignation » de façade, des figures djihadistes n’ont pas caché une certaine satisfaction sitôt le résultat de la présidentielle américaine connu. 

    COMPTE RENDU Syrie : la coalition intensifie ses bombardements sur la ville de Rakka, tenue par l’EI 19 En frappant la « capitale » de l’organisation Etat islamique et ses alentours 250 fois en une semaine, les raids de la coalition auraient fait 170 morts parmi les civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme.

    Face à la violence, notre société ne veut voir que la marginalité. Le djihadisme serait ainsi un sous produit de la délinquance, de la frustration, voire une forme de folie. r! Si tout se vaut, si rien ne compte, si l'avenir radieux de l'humanité se limite à une fusion dans le grand tout consumériste et cool, alors quand le «barbare» fait irruption, y compris en notre sein, nous sommes incapables de le nommer. Nommer l'ennemi c'est précisément définir ce qui nous distingue, ce qui nous discrimine, c'est tracer une frontière, une limite même normative, c'est s'affirmer contre, toutes choses auxquelles la culture contemporaine a décidé de renoncer…

    Toutes les évolutions géopolitiques depuis quinze ans démentent la fable de la fin de l'Histoire et de l'intégration du village planétaire.

     

     Voilà pourquoi un terroriste ressemble à une mouche qui veut détruire un magasin de porcelaine. Petite, faible, la mouche est incapable de déplacer ne serait-ce qu’une simple tasse. Alors, elle trouve un éléphant, pénètre dans son oreille, et bourdonne jusqu’à ce qu’enragé, fou de peur et de colère, ce dernier saccage la boutique. C’est ce qui est arrivé au Moyen-Orient ces dix dernières années. Les fondamentalistes islamiques n’auraient jamais pu renverser eux-mêmes Saddam Hussein. Alors ils s’en sont pris aux États-Unis, et les États-Unis, furieux après les attaques du 11 Septembre, ont fait le boulot pour eux: détruire le magasin de porcelaine du Moyen-Orient. Depuis, ces décombres leur sont un terreau fertile.

    A lire 29/07/2016 L'histoire sans fin contre le terrorismeBilan de la guerre "contre le terrorisme" Par Enkolo dans Accueil l

    Rebattre les cartes

    Le terrorisme est une stratégie militaire peu séduisante, parce qu’elle laisse toutes les décisions importantes à l’ennemi. Comme les terroristes ne peuvent pas infliger de dommages matériels sérieux, toutes les options que l’ennemi avait avant une attaque terroriste sont encore à sa disposition après, et il est complètement libre de choisir entre elles. Les armées régulières cherchent normalement à éviter une telle situation à tout prix. Quand elles attaquent, leur but n’est pas d’orchestrer un spectacle terrifiant qui attise la colère de l’ennemi et l’amène à répliquer.

    À l’instar des terroristes, ceux qui les combattent devraient aussi penser en metteurs en scène plutôt qu’en généraux. Pour commencer, si l’on veut combattre le terrorisme efficacement, il faut prendre conscience que rien de ce que les terroristes font ne peut vraiment nous détruire. C’est nous seuls qui nous détruisons nous-mêmes, si nous surréagissons et donnons les mauvaises réponses à leurs provocations.

    Le dessous des cartes - Afghanistan : l'impossible transition - 23 février 2013

     

    Les terroristes s’engagent dans une mission impossible, quand ils veulent changer l’équilibre des pouvoirs politiques par la violence, alors qu’ils n’ont presque aucune capacité militaire. Pour atteindre leur but, ils lancent à nos États un défi tout aussi impossible : prouver qu’ils peuvent protéger tous leurs citoyens de la violence politique, partout et à tout moment. Ce qu’ils espèrent, c’est que, en s’échinant à cette tâche impossible, ils vont rebattre les cartes politiques, et leur distribuer un as au passage.

    Certes, quand l’État relève le défi, il parvient en général à écraser les terroristes. En quelques dizaines d’années, des centaines d’organisations terroristes ont été vaincues par différents États

    Les terroristes savent parfaitement bien que, dans une telle confrontation, ils ont peu de chance de l’emporter. Mais, comme ils sont très faibles et qu’ils n’ont pas d’autre solution militaire, ils n’ont rien à perdre et beaucoup à gagner. Il arrive parfois que la tempête politique déclenchée par les campagnes de contre-terrorisme joue en faveur des terroristes: c’est pour cette raison que cela vaut le coup de jouer. Un terroriste, c’est un joueur qui, ayant pioché au départ une main particulièrement mauvaise, essaye de convaincre ses rivaux de rebattre les cartes. Il n’a rien à perdre, tout à gagner.

    Quelle est la véritable guerre ?, par Tristan Garcia

    Une petite pièce dans une jarre vide

    Pourquoi l’État devrait-il accepter de rebattre les cartes ? Puisque les dommages matériels causés par le terrorisme sont négligeables, l’État pourrait théoriquement en faire peu de cas, ou bien prendre des mesures fermes mais discrètes loin des caméras et des micros. C’est d’ailleurs bien souvent ce qu’il fait. Mais d’autres fois, les États s’emportent, et réagissent bien trop vivement et trop publiquement, faisant ainsi le jeu des terroristes. Pourquoi les États sont-ils aussi sensibles aux provocations terroristes?

    S’ils ont souvent du mal à supporter ces provocations, c’est parce que la légitimité de l’État moderne se fonde sur la promesse de protéger l’espace public de toute violence politique

    Aujourd’hui, un gouvernement peut tout à fait fermer les yeux sur la violence domestique ou sexuelle, même si elle atteint de hauts niveaux, parce que cela ne sape pas sa légitimité (...)  A contrario, les cas, bien plus rares, de terrorisme, sont perçus comme une menace fatale, parce que, au cours des siècles derniers, les États occidentaux modernes ont peu à peu construit leur légitimité sur la promesse explicite d’éradiquer la violence politique à l’intérieur de leurs frontières.

    A lire Globalia. JC RuffinQuand de Gaulle était la cible d'une "fatwa chrétienne"Djihadisme : Olivier Roy répond à Gilles Kepel

     Au cours de l’époque moderne, les États centralisés ont peu à peu réduit le niveau de violence politique sur leur territoire, et depuis quelques dizaines d’années les pays occidentaux l’ont pratiquement abaissé à zéro.... Les gens se sont vite habitués à cette façon de faire, qu’ils considèrent désormais comme leur droit le plus naturel. Par conséquent, des actes, même sporadiques, de violence politique, qui tuent quelques dizaines de personnes, sont vus comme une atteinte fatale à la légitimité et même à la survie de l’État. Une petite pièce, si on la lance dans une jarre vide, suffit à faire grand bruit.

    A lire Le paradoxe de notre époque , BFMTV Hier, à 16:48 ·

    "Mettre sur le même plan l’islam et le terrorisme est très dangereux" a propos de la une de Charlie hebdo

    C’est ce qui explique le succès des mises en scène terroristes. L’État a créé un immense espace vide de violence politique – un espace qui agit comme une caisse de résonance, amplifiant l’impact de la moindre attaque armée, si petite soit-elle. Moins il y a de violence politique dans un État, plus sa population sera choquée face à un acte terroriste... Paradoxalement, donc, c’est parce qu’ils ont réussi à contenir la violence politique que les États modernes sont particulièrement vulnérables face au terrorisme. Un acte de terreur qui serait passé inaperçu dans un royaume médiéval affectera bien davantage les États modernes, touchés au cœur.

    Après des siècles de batailles sanglantes, nous nous sommes extraits du trou noir de la violence, mais ce trou noir, nous le sentons, est toujours là, attendant patiemment le moment de nous avaler à nouveau. Quelques atrocités, quelques horreurs – et nous voilà, en imagination, en train de retomber dedans.

     

    A lire Couvre-feu : Les lois d'urgences - l'indigné

    Comment l’État devrait-il faire face au terrorisme ? Pour réussir, la lutte devrait être menée sur trois fronts. Les gouvernements, d’abord, devraient se concentrer sur une action discrète contre les réseaux terroristes. Les médias, ensuite, devraient relativiser les événements et éviter de basculer dans l’hystérie. Le théâtre de la terreur ne peut fonctionner sans publicité. Or malheureusement, les médias ne font souvent que fournir cette publicité gratuitement:

    Le troisième front, enfin, est celui de notre imagination à tous. Les terroristes tiennent notre imagination captive, et l’utilisent contre nous.... C’est notre propre terreur intérieure qui incite les médias à traiter obsessionnellement du terrorisme et le gouvernement à réagir de façon démesurée.

    "L'obsession de la guerre civile est d'une absurdité totale"

    Que dire encore du terrorisme nucléaire ou bio-terrorisme? Que se passerait-il si ceux qui prédisent l’Apocalypse avaient raison? si les organisations terroristes venaient à acquérir des armes de destruction massive, susceptibles, comme dans la guerre conventionnelle, de causer d’immenses dommages matériels? Quand cela arrivera (si cela arrive), l’État tel que nous le connaissons sera dépassé. Et du même coup, le terrorisme tel que nous le connaissons cessera également d’exister, comme un parasite meurt avec son hôte.

    Si de minuscules organisations représentant une poignée de fanatiques peuvent détruire des villes entières et tuer des millions de personnes, l’espace public ne sera plus vierge de violence politique. La vie politique et la société connaîtront des transformations radicales. Il est difficile de savoir quelle forme prendront les batailles politiques, mais elles seront certainement très différentes des campagnes de terreur et de contre-terreur du début du XXIe siècle. Si en 2050 le monde est plein de terroristes nucléaires et de bio-terroristes, leurs victimes songeront au monde occidental d’aujourd’hui avec une nostalgie teintée d’incrédulité: comment des gens qui jouissaient d’une telle sécurité ont-ils pu se sentir aussi menacés ?

     

    Qu'oiqu'il en soit un affaiblissement de Daesch ou une défaite militaire ne signifie pas la fin du terrorisme salafiste. Daesch est en effet l'enfant d'Al Qaida, qu'y a fait sa crise d'adolescence, alors que l'on disait que la fin de son sanctuaire en Afghanistan et aux pakistan ainsi que la pression militaire constante contre lui aurait finis par l'abattre. Les djihadistes vont vers la maison mère qui leurs offirra le plus de publicité et de moyens. Hier Al Qaida, aujourd'hui daesch... Demain retour a Al Qaida, si Daesch périclite, il reste dans Daesch ou iront vers une nouvelle maison mère peut être plus radicale, sachant que le djiadiste se nourit des conflits communautaires, des failles des états, de l'hypocrisie des pays occidentaux et de l'exclusions d'une partie de la jeunesse occidentale ou moyen orientale.

    © Yuval Harari 2016
    © Albin Michel pour la traduction française 2016, par Clotilde Meyer

     

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    Flores Magon « j'ai trouvé cette citation dans un bouquin que je vais commencer à lire qui à l'air pas mal du tout "LA MAL-MESURE DE L’HOMME" du biologiste et historien S.Jay Gould. il semble que dans ce livre l'auteur flingue. grâce à l'histoire et la théorie de l'évolution le racisme et l'idée que l'intelligence soit une qualité biologique innée, héréditaire et quantifiable..  à acheter ou faites comme moi télécharger lire sur l'ordi ou imprimer: http://www.vosbooks.net/906.../la-mal-mesure-de-l-homme.html » 

     

     

    Les Inconnus - Centrale nucléaire - YouTube
     

     n Le bout de la logique 2

     

     Japon : déni atomique

     

    Ce soir un très bon documentaire « Hiroshima, la véritable histoire – ARTE »

     Hiroshima, la véritable histoire


    Hiroshima, la véritable histoire - ARTE




    Jeudi 6 août
    7h50 
    à 9h00 : cérémonie de commémoration des 70 ans du bombardement de Hiroshima :musique de Yuko Hirota avec son Koto japonais, lecture de textes ; place de la République
    8h15 : allumage de la Flamme de l'Abolition et minute de silence à l'heure de l'explosion de la bombe sur Hiroshima ; message en japonais de Midori Amo ; place de la République

     

    Hiroshima 54 jours d'enfer
    Interdit de publication jusqu'en 1955, le journal du Docteur Michihiko Hachiya.

     

    DISSIDENT-MEDIA.ORG

     

    Soixante-dix ans après la déflagration d'Hiroshima, une enquête de grande ampleur replace la vérité historique aux avant-postes et révèle d’étonnants témoignages. Un regard neuf sur un événement qui a provoqué tant d’aveuglement.

    Les noms sont entrés dans la mémoire collective, et ils résonnent encore de manière macabre. Le projet atomique américain s’appelait "Manhattan Project", la bombe "Little Boy", et l’avion qui a ouvert sa soute "Enola Gay". Le 6 août 1945, sur ordre du président Truman, un bombardier B-29 largue sur Hiroshima la première arme nucléaire jamais utilisée lors d’une guerre. "Il y eut un anneau de feu rouge et aveuglant. Je ne devrais pas le dire, mais c’était magnifique", dit aujourd’hui un des survivants. "L’aube d’une ère nouvelle", assurent certains scientifiques. 80 000 Japonais paient sur le champ ce basculement de l’histoire de l’humanité. Si, bien entendu, les suites immédiates et dantesques de l’explosion sont l’épicentre du documentaire, elles n’en constituent pas l’unique objet. Grâce à la révélation d’étonnants secrets, Hiroshima, la véritable histoire dissipe les écrans de fumée qui ont détourné le monde de la réalité des faits.

    Test grandeur nature
    Cette investigation ambitieuse éclaire aussi bien les motivations réelles des Américains que les conséquences sociales, sanitaires et environnementales du désastre. Little Boy était-elle un "mal nécessaire" pour forcer les Japonais à capituler ? Le film démontre que le pays de l'empereur Hirohito avait de toute façon déjà perdu la guerre et s'apprêtait à négocier. Les objectifs de Truman étaient autres : tester "in vivo" l'efficacité de la bombe et devancer les Russes dans la course à l'armement. Même duplicité après la seconde explosion atomique, à Nagasaki, le 9 août : les Américains coupent du monde les zones japonaises dont ils ont pris le contrôle, font des études scientifiques mais ne soignent personne. Le quotidien des irradiés est occulté : considérés comme des pestiférés, ils doivent subir l'emprise rapace des mafias japonaises et la désagrégation des rapports humains. Dans le même temps, aux États-Unis, une propagande gouvernementale massive tente de légitimer les bombes et de rendre populaire le recours au nucléaire. Bénéficiant d'images d'archives inédites et de documents confidentiels, le film de Lucy van Beek met en avant de nombreux  témoignages, notamment japonais (experts, agents secrets, survivants). Les souvenirs et les histoires individuelles qu'ils esquissent aboutissent tous au même constat : les ondes de choc d'Hiroshima n'ont pas encore disparu.

    (Royaume-Uni, 2014, 94mn) ARTE F

     

    Le récit par six "témoins", Hiroshima, auteur John Hersey, newyorker.com, 1946...

    Hiroshima NEWYORKER.COM|PAR JOHN HERSEY
     

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    é la photo de Elisée RECLUS dans le groupe ANARCHISTESINDIVIDUALISTES.
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    Aucun texte alternatif disponible.
    Elisée RECLUS 19 décembre 2015 ·

    L'ANARCHIE ET L'EGLISE -
    "Aussi longtemps que les prêtres, moines et tous les détenteurs d’un pouvoir prétendu divin seront constitués en ligne de domination, il faut les combattre sans répit de toute l’énergie de sa volonté et de toutes les ressources de son intelligence et de sa force."
    Texte d’Elisée Reclus publié en 1900 dans la Revue des deux mondes, quelques années avant la "séparation de l’Eglise et de l'Etat".

    "La conduite de l'anarchiste envers l'homme d'Eglise est tracée d'avance. Aussi longtemps que les prêtres, moines et tous les détenteurs d'un pouvoir prétendu divin seront constitués en ligue de domination, il faut les combattre sans répit de toute l'énergie de sa volonté et de toutes les ressources de son intelligence et de sa force. D'ailleurs, cette lutte acharnée ne doit empêcher nullement que nous gardions le respect personnel et toute la sympathie humaine pour chaque individu chrétien, bouddhiste ou fétichiste dès que sa puissance d'attaque et de domination aura été rompue. Nous commencerons par nous affranchir, puis nous travaillerons à l'affranchissement du ci-devant adversaire.


    Ce que nous avons à craindre de l'Eglise ou des églises est clairement enseigné par l'histoire. A cet égard, toute méprise, toute confusion sont impossibles. Nous sommes haïs, exécrés, maudits : on nous voue non seulement aux supplices de l'enfer, - ce qui n'a pas de sens pour nous, - mais on nous signale à la vindicte des lois temporelles, à la vengeance spéciale des rois, des geôliers et des bourreaux, même à l'ingéniosité des tortureurs que la Sainte Inquisition, toujours vivante, entretient dans les cachots. Le langage officiel des papes, fulminé dans leurs bulles récentes, dirige expressément la campagne contre les " novateurs insensés et diaboliques, les orgueilleux disciples d'une science prétendue, les gens en délire qui vantent la liberté de conscience, les corrupteurs de toutes choses sacrées, les odieux corrupteurs de la jeunesse, les ouvriers de crime et d'iniquité " . Ces maudits, ces anathèmes, ce sont, en premier lieu, ceux qui se disent hommes de révolution, anarchistes ou libertaires.


    C'est bien ! Il est juste, il est légitime que des gens se disant et se croyant même sacrés pour exercer la domination absolue sur le genre humain, s'imaginent qu'ils sont les possesseurs des clefs du ciel et de l'enfer, concentrent toute la force de leur haine contre les réprouvés qui contestent leurs droits au pouvoir et condamnent toutes les manifestations de ce pouvoir : " Exterminez ! Exterminez ! " telle est la devise de l'Eglise, comme aux temps de Saint Dominique et d'Innocent III.


    A l'intransigeance catholique, nous opposons égale intransigeance,mais en hommes et en hommes nourris de la science contemporaine, non en thaumaturges et en bourreaux. Nous repoussons absolument la doctrine catholique, de même que celle de toutes les religions connexes, amies ou ennemies; nous combattons leurs institutions et leurs oeuvres; nous travaillons à détruire les effets de tous leurs actes. Mais cela sans haine de leurs personnes, car nous n'ignorons point que tous les hommes sont déterminés par le milieu dans lequel leurs mères les ont bercés et la société les a nourris; nous savons qu'une autre éducation, des circonstances moins favorables auraient pu nous abêtir aussi, et ce que nous cherchons par dessus tout, c'est précisément de faire naître pour eux, - s'il en est encore temps - et pour toutes les générations à venir, des conditions nouvelles qui guériront enfin les hommes de la " folie de la croix " et autres hallucinations religieuses.

     


    Nous ne songeons point à nous venger quand viendra le jour où nous serons les plus forts : les échafauds et les bûchers n'y suffiraient point, tant les Eglises ont massacré d'infidèles au nom de leurs dieux respectifs, tant l'Eglise chrétienne tout spécialement a fait de victimes pendant quinze cent années de domination. La vengeance n'est point dans nos principes, car la haine appelle la haine et nous avons hâte d'entrer dans une ère nouvelle de paix sociale. Le ferme propos que nous voulons réaliser n'est point d'employer "les boyaux du dernier prêtre à tordre le cou du dernier roi !", mais de faire en sorte que ni prêtres ni rois ne puissent naître dans l'atmosphère purifiée de notre société nouvelle.


    Logiquement, notre oeuvre révolutionnaire contre l'Eglise commence par être destructive avant qu'elle puisse devenir constructive, bien que les deux phases de l'action soient interdépendantes et s'accomplissent en même temps, mais sous divers aspects, suivant les différents milieux. Certes, nous savons que la force est inapplicable pour détruire les croyances sincères, les naïves et béates illusions; nous nechercherons point à entrer dans les consciences pour en expulser les troubles et les rêves, mais nous pouvons travailler de toutes nos énergies à écarter du fonctionnement social tout ce qui ne s'accorde pas avec des vérités scientifiques reconnues; nous pouvons combattre incessamment l'erreur de tous ceux qui prétendent avoir trouvé en dehors de l'humanité et du monde un point d'appui divin, permettant à des castes parasites de se grimer en intermédiaires dévotieux entre le créateur fictif et ses créatures.


    Puisque la crainte et l'épouvante furent de tout temps les mobiles qui asservirent les hommes, -ainsi que rois, prêtres, magiciens et pédagogues l'ont eux-mêmes répété sous tant de formes diverses- combattons incessamment cette terreur des dieux et de leurs interprètes par l'étude et par l'exposition de la sereine clarté des choses. Faisons la chasse à tous les mensonges que les bénéficiaires de l'antique sottise théologique ont répandus dans l'enseignement, dans les livres, dans les arts. Et n'oublions pas d'enrayer le vil paiement des impôts directs que le clergé nous extorque, d'arrêter la construction des chapelles, des reposoirs, des églises, des croix, des statues votives et autres laideurs qui déshonorent nos villes et nos campagnes. Tarissons la source de ces millions qui, de toutes parts, affluent vers le grand mendiant de Rome et vers les sous-mendiants innombrables de ses congrégations. Enfin, par la propagande de chaque jour, enlevons aux prêtres les enfants qu'on leur donne à baptiser, les garçons et les filles qu'ils "confirment dans la foi" par l'ingestion d'une hostie, les jeunes gens qu'ils prétendent conjoindre, les malheureux qu'ils souillent en faisant naître le péché dans leur âme par la confession, les mourants qu'ils terrorisent encore au dernier moment de la vie. Déchristianisons le peuple !


    Mais les écoles, même celles qui se disent laïques, christianisent leurs élèves, c'est-à-dire toute la génération pensante, nous est-il répondu. Et ces écoles comment les fermerons-nous, puisque nous trouvons devant elles des pères de famille revendiquant la " liberté " de l'éducation choisie par eux ? A nous qui parlons sans cesse de liberté et qui ne comprenons l'individu digne de ce nom que dans la plénitude de sa fière indépendance, voici qu'on oppose aussi la " liberté " ! Si ce mot répondait à une idée juste, nous n'aurions qu'à nous incliner en tout respect afin de rester fidèles à nous-mêmes; mais cette liberté du père de famille est-elle autre chose que le rapt, l'appropriation pure et simple d'un enfant qui devrait s'appartenir et que l'on remet à l'Eglise ou à l'Etat, pourqu'ils le déforment à souhait ? N'est-ce pas une liberté semblable à celle du manufacturier qui dispose de centaines ou de milliers de " bras " et qui les emploie comme il veut à concasser des métaux ou à croiser des fils; une liberté comme celle du général qui fait manoeuvrer à sa guise des " unités tactiques " de " baïonnettes " et de " sabres " ?


    Le père, héritier convaincu du pater familias romain, dispose également de ses fils et de ses filles, pour les tuer moralement ou, pis encore, pour les avilir. De ces deux individus, le père et l'enfant, virtuellement égaux à nos yeux, c'est le plus faible que nous avons à soutenir de notre force; c'est de lui que nous avons à nous déclarer solidaires, lui que nous tâcherons de défendre contre tous ceux qui lui font tort, fût-ce le père même ou celui qui se dit tel, fût-ce la mère qui le porta dans son sein ! Si, par une loi spéciale qu'imposa l'opinion publique, l'Etat refuse au père de famille le droit de condamner son fils à l'ignorance, nous qui sommes de coeur avec la génération nouvelle, nous mettrons tout en oeuvre, et sans lois, par la ligue de nos volontés, pour protéger la jeunesse contre une éducation mauvaise. Que l'enfant soit frappé, battu, torturé par des parents, qu'il soit même doucement empoisonné de gâteaux, de confitures ou de mensonges, ou bien qu'il soit catéchisé, dépravé par des frères ignorantins, qu'il apprenne chez les jésuites une histoire perfide, une fausse morale faite de bassesse et de cruauté, le crime nous semble être le même et nous le combattrons avec énergie, toujours âprement, solidaires de l'être auquel on a fait tort.


    Certes, aussi longtemps que la famille se maintiendra sous sa forme monarchique, modèle des Etats qui nous gouvernent, l'exercice de notre volonté ferme d'intervention envers l'enfant contre les parents et lesprêtres restera d'un accomplissement difficile; mais ce n'en est pas moins dans ce sens que doit se porter tout notre effort. Etre le défenseur de la justice ou le complice du crime, il n'y a point de milieu.


    En cette matière se pose encore, comme dans toutes les autres questions sociales, le grand problème qui se discute entre Tolstoï et les autres anarchistes, celui de la non-résistance ou de la résistance au mal. Pour notre part nous sommes d'avis que l'offensé qui ne résiste pas livre d'avance les humbles et les pauvres aux oppresseurs et aux riches. Résistons sans haine, sans esprit de rancune ni de vengeance, avec toute la douceur sereine du philosophe qui se possède et reproduit exactement sa pensée profonde et son vouloir intime en chacun de ses actes, mais résistons ! L'école actuelle, qu'elle soit dirigée par le prêtre religieux ou par le prêtre laïque est nettement, absolument dirigée contre les hommes libres, autant que le serait une épée ou plutôt des millions d'épées, car il s'agit de dresser contre les novateurs les enfants de la génération nouvelle. Nous comprenons l'école comme la société " sans Dieu ni maître " et nous considérons par conséquences comme des lieux funestes tous ces antres où l'on enseigne l'obéissance à Dieu et surtout à ses représentants, les maîtres de toute espèce, pères et moines, rois et fonctionnaires, symboles et lois. Nous réprouvons autant les écoles où l'on enseigne les prétendus devoirs civiques - c'est-à-dire l'accomplissement des ordres d'en haut et la haine des peuples étrangers - que les écoles où l'on enjoint aux enfants de n'être plus que " des bâtons dans les mains des prêtres " . Nous savons qu'elles sont également mauvaises, et quand nous aurons la force, nous fermerons les unes et les autres comme les casernes et les lupanars.


    Vaine menace, dira-t-on avec ironie. Vous n'êtes pas les plus forts, et nous commandons encore aux rois et aux militaires, aux magistrats et aux bourreaux. Oui, cela semble vrai; mais tout cet appareil de répression ne nous effraie point, car c'est aussi une grande force d'avoir la vérité pour alliée et de répandre la lumière devant soi. L'histoire se déroule en notre faveur, car si la science a " fait faillite " pour nos adversaires, elle est restée notre guide et notre soutien. La différence essentielle entre les suppôts de l'Eglise et ses ennemis, entre les asservis et les hommes libres, c'est que les premiers, privés d'initiative propre, n'existant que par la masse, non par la valeur individuelle, s'affaiblissent peu à peu et meurent, tandis que le renouveau de la vie se fait en nous par l'agissement spontané des forces anarchiques. Notre société naissante d'hommes libres, qui cherche péniblement à se dégager de la chrysalide bourgeoise, ne pourrait avoir aucune espérance de triompher un jour, elle ne pourrait même pas naître, si elle avait devant elle de vrais hommes avec un vouloir et une énergie propres, mais l'immense armée de dévots et des dévotes, flétrie par le prosternement et l'obéissance, reste condamnée à l'ataxie intellectuelle. Quelle que soit, au point de vue spécial de son métier, de son art ou de sa profession, la valeur du catholique croyant et pratiquant, quelles que soient aussi ses qualités d'homme, il n'est au point de vue de la pensée qu'une matière amorphe et sans consistance, puisqu'il a complaisamment abdiqué son jugement et par l'aveugle foi, s'est placé lui-même en dehors de l'humanité qui raisonne.


    Toutefois l'armée des catholiques a pour elle la puissance de la routine, le fonctionnement de toutes les survivances, continuant d'agir en vertu de la force d'inertie. Spontanément, les genoux de millions d'individus fléchissent devant le prêtre resplendissant d'or et de soie; c'est portée par une série de mouvements réflexes que la foule s'amasse dans les nefs aux jours de fêtes patronales; elle célèbre la Noël et la Pâques parce que les générations antérieures ont célébré ces fêtes. L'image de la Vierge Marie etcelle du Bambin sacré restent gravées dans les imaginations; le sceptique vénère sans savoir pourquoi le morceau de cuivre ou d'ivoire taillé en crucifix; il s'incline en parlant de la " morale de l'Evangile " , et quand il montre les étoiles à son fils, il ne manque pas de glorifier le divin horloger. Oui, toutes ces créatures de l'habitude, toutes ces porte-voix de la routine constituent une armée déjà redoutable par sa masse : c'est la matière humaine qui constitue les écrasantes majorités, et dont les cris sans pensée retentissent comme s'ils représentaient une opinion. Qu'importe ! Cette masse elle-même finit par ne plus obéir aux impulsions ataviques : on la voit rapidement devenir indifférente à ce jargon religieux qu'elle ne comprend plus; elle ne croit plus que le prêtre soit un interprète auprès de Dieu pour remettre les péchés, ni un interprète auprès du diable pour ensorceler les bêtes et les gens; le paysan, de même que l'ouvrier, n'a plus peur de son curé. Il a quelque idée de la science, sans la connaître encore et en attendant il redevient païen en se confiant vaguement aux forces de la nature.


    Certes, la révolution silencieuse qui déchristianise lentement les masses populaires est un événement capital, mais il ne faut pas oublier que les adversaires les plus à craindre, parce qu'ils n'ont aucune sincérité, ne sont pas les pauvres roturiers du peuple, ni surtout les croyants, suicidés de l'esprit, que l'on voit se prosterner dans les chapelles comme séparés par un voile épais du monde réel. Les hypocrites ambitieux qui les mènent et les indifférents qui, sans être catholiques, se sont ralliés officiellement à l'Eglise, ceux qui font argent de la foi, sont autrement dangereux que les chrétiens. Par un phénomène contradictoire en apparence, l'armée cléricale devient plus nombreuse à mesure que la croyance s'évanouit. C'est que les forces ennemies se massent de part et d'autre. L'Eglise a groupé derrière elle tous ses complices naturels auxquels il faut des esclaves à commander, rois, militaires, fonctionnaires de tout accabit, voltairiens repentis et jusqu'aux honnêtes pères de famille qui veulent qu'on leur élève des enfants bien sages, stylés, gracieux, polis, de belles manières, se gardant avec prudence de tout ce qui pourrait ressembler à une pensée.


    " Que nous racontez-vous là ! " dira sans doute quelque politicien que passionne la lutte actuelle entre les congrégations et le " bloc républicain " du Parlement français. " Ne savez-vous pas que l'État et l'Eglise sont définitivement brouillés, que les crucifix, les images des Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie vont être enlevés des écoles et remplacés par de beaux portraits du Président de la République ? Ne savez-vous pas que les enfants sont désormais soigneusement préservés de la lèpre et des superstitions antiques et que des instituteurs civils leur dispenseront une éducation fondée sur la science, débarrassée de tout mensonge, toujours respectueux de la liberté ?

    " Hélas ! nous savons bien qu'on se dispute là-haut parmi les détenteurs du pouvoir; nous savons que les gens du clergé, les séculiers et les réguliers sont en désaccord sur la distribution des prébendes et du casuel; nous savons que la vieille querelle des " investitudes " se continue de siècle en siècle entre le pape et les Etats laïques; mais cela n'empêchepas que les deux détenteurs de la domination, religieux et politiciens, ne soient au fondd'accord, même dans leurs excommunications réciproques, et qu'ilscomprennent de la même manière leur mission divine à l'égard dupeuple gouverné. Les uns et les autres donneront aux enfants le même enseignement,celui de l'obéissance. Du moins, parmi ces éducateurs à rebours,les prêtres sont-ils les plus logiques, puisqu'ils prétendentreprésenter Dieu, le Créateur et Maître Universel. Hier encore, sous la haute protection de la République, ils ont été les maîtres absolus, incontestés.


    Tous les éléments de la réaction étaient alors unis sous le même labarum symbolique, le " signe de la Croix " ; il eût été naïf de se laisser tromper par la devise de ce drapeau; il ne s'agissait plus ici de la foi religieuse, mais de la domination, la croyance intime n'était qu'un prétexte pour la majorité de ceux qui veulent garder le monopole des pouvoirs et des richesses ; pour eux le but unique était d'empêcher à tout prix la réalisation de l'idéal moderne, le pain pour tous, la liberté, le travail et le loisir pour tous. Nos ennemis, quoique se haïssant et se méprisant les uns les autres, avaient dû pourtant se grouper en un seul parti. Isolées, les causes respectives des classes dirigeantes étaient trop pauvres d'arguments, trop illogiques pour qu'elles pussent essayer de se défendre avec succès ; il leur était indispensable de se rattacher à une cause supérieure, à Dieu lui-même, le " principe de toutes choses " , le " grand ordonnateur de l'Univers ". Ainsi, dans une bataille, les corps de troupes exposés abandonnent les ouvrages extérieurs nouvellement construits pour se masser au centre de la position ,dans la citadelle antique accommodée par les ingénieurs à la guerre moderne.


    Trop ardents à la curée, les gens d'église ont commis aussi la maladresse, d'ailleurs inévitable, de ne pas évoluer prestement avec le siècle. Encombrés par leur bagage de vieilleries, ils sont restés en route. Ils jargonnent en latin et cela suffit pour qu'ils ne sachent plus parler le français de Paris. Ils ânonnent la théologie de Saint-Thomas, mais cet antique verbiage ne leur sert plus à grand chose pour discuter avec les élèves de Berthelot. Sans doute, quelques uns d'entre-eux, surtout lesprêtres américains, en lutte avec une jeune société démocratique, soustraite au pouvoir de Rome, ont essayé de rajeunir leurs arguments, refourbi quelque peu leurs vénérables flamberges, mais ces façons nouvelles de contreverse ont été mal vues en haut lieu, et le misonéisme a triomphé : le clergé se tient à l'arrière-garde, avec toute l'affreuse bande des magistrats, des inquisiteurs et des bourreaux. En masse, ils se sont placés derrière les rois, les princes et les riches, et pour les humbles ils ne savent demander que la charité, non la justice, un coin modeste dans le Paradis futur, et non une large et belle place au bon soleil qui nous éclaire aujourd'hui. Quelques enfants perdus du catholicisme ont supplié le pape de se faire socialiste, d'entrer hardiment dans les rangs des niveleurs et des meurt de faim. Oh, que nenni ! Il s'en tient aux millions qu'on appelle le " denier de Saint-Pierre " et à cette " botte de paille " qui est le palais du Vatican.
    Quel beau jour pour nous, penseurs libres et révolutionnaires, que celui pendant lequel le pape s'est définitivement enferré dans le dogme de son infaillibilité ! Voilà notre bonhomme saisi comme dans une trappe d'acier ! Il ne faut pas se dédire, se renouveler, vivre en un mot ! Il est ligotté dans les vieux dogmes, obligé de s'en tenir au Syllabus, de maudire la société moderne avec toutes ses découvertes et ses progrès. Il n'est plus désormais qu'un prisonnier volontaire enchaîné sur la rive et nous poursuivant de ses imprécations vaines, tandis que nous cinglons librement sur les flots. Par un de ses sous-ordres, il proclame la " faillite de la science ! " Quelle joie pour nous ! C'est le triomphe définitif que l'Eglise ne veuille plus apprendre ni savoir, qu'elle reste à jamais ignorante, absurde, enfermée dans ce que déjà SaintPaul appelait sa folie !


    Mais trop avides, les prêtres et les moines ont manqué de prudence; chefs de la conspiration, porteurs du mot d'ordre divin, ils ont voulu beaucoup plus que leur part. L'Eglise, toujours âpre à la rapine, ne manquait pas d'exiger un droit d'entrée de tous ses nouveaux alliés, républicains et autres; elle exigea des subventions pour toutes ses missions étrangères, elle exigea même la guerre de Chine et le pillage des palais impériaux. C'est ainsi que les richesses du clergé se sont prodigieusement accrues : dans la seule France, les biens ecclésiastiques ont beaucoup plus que doublé dans les vingt dernières années du dix-neuvième siècle; c'est par milliards que l'on évalue les terres et les maisons qui appartiennent ouvertement aux prêtres et aux moines, mais que de milliards encore ils possèdent sous les noms de vieux messieurs et d'antiques douairières ! Des jacobins se réjouissent presque de voir ces propriétés immenses s'accumuler dans les mêmes mains, espérant que d'un seul coup l'État pourra s'en emparer un jour : remède qui déplacerait la maladie mais ne la guérirait point ! Ces propriétés, produits du vol et du dol, il faut les reprendre pour la communauté puisque jadis elles furent siennes. Elles font partie du grand avoir terrestre appartenant à l'ensemble de l'humanité.


    Transportons-nous par l'imagination aux temps à venir de l'irréligion consciente et raisonnée. Quelle sera dans ces conditions nouvelles l'oeuvre par excellence des hommes de bonne volonté ? Remplacer les hallucinations par des observations précises, substituer aux illusions du paradis que l'on promettait aux faméliques les réalités d'une vie de justice sociale, de bien-être, de travail rythmé, trouver pour les fidèles de la religion humanitaire un bonheur plus substantiel et plus moral que celui dont les chrétiens se contentent actuellement. Ce qu'il fallait à ceux-ci, c'était de n'avoir point le pénible labeur de penser par eux-mêmes et de chercher en leur propre conscience le mobile de leurs actions ; n'ayant plus de fétiche visible comme nos aïeux sauvages, ils tiennent à posséder un fétiche secret qui panse leurs blessures d'amour-propre, qui les console de leurs chagrins, qui leur rende les heures de maladie moins longues et leur assure même une vie immortelle, exempte de tout souci. Mais tout cela pour eux personnellement : leur religion n'a cure des malheureux qui continuent à leur péril la dure bataille de la vie; comme les spectateurs de la tempête dont parle Lucrèce, il leur est doux de voir, de la plage, les gestes des naufragés luttant contre les flots. Ils peuvent relire dans les Evangiles cette vilaine parabole de Lazare " couché dans le sein d'Abraham " et refusant de tremper le bout de son doigt dans l'eau pour rafraîchir la langue des mauvais riches. (Luc XVI).


    Notre idéal de bonheur n'est point cet égoïsme chrétien del'homme qui se sauve en voyant périr son semblable et qui refuse une goutte d'eau à son ennemi. Nous, les anarchistes qui travaillons à l'émancipation complète de notre individu, collaborons par cela même à la liberté de tous les autres, même à celle du mauvais riche quand nous l'aurons allégé de ses richesses, et nous leur assurons le profit solidaire de chacun de nos efforts. Notre victoire personnelle ne se conçoit point sans qu'elle devienne du même coup une victoire collective; notre recherche du bonheur ne peut s'imaginer autrement que dans le bonheur de tous : la société anarchiste n'est point un corps de privilégiés, mais une communauté d'égaux, et ce sera pour tous un bonheur très grand dont nous n'avons aujourd'hui aucune idée, de vivre dans un monde où nous ne verrons point d'enfants battus de leurs mères en récitant le catéchisme, point de faméliques demandant un sou, point de prostituées se livrant pour avoir du pain, point d'hommes valides se faisant soldats ou même policiers, parce qu'ils n'ont pas d'autres moyens de gagner leur vie. Réconciliés parce que les intérêts d'argent, de caste, de position, n'en feront pas des ennemis-nés les uns des autres, les hommespourront étudier ensemble, prendre part, suivant leurs affinités personnelles, aux oeuvres collectives de la transformation planétaire, à la rédaction du grand livre des connaissances humaines, en un mot, vivre d'une vie libre, toujours plus ample, puissamment consciente et fraternelle, en échappant ainsi aux hallucinations, à la religiosité et à l'Eglise. Et par dessus tout, ils pourront travailler directement pour l'avenir en s'occupant des enfants, en jouissant avec eux de la nature, en les guidant avec méthode dans l'étude des sciences, des arts et de lavie.


    Les catholiques ont beau s'être emparés officiellement de la société, ils n'en sont point et n'en seront point les maîtres,parce qu'ils ne savent qu'étouffer, comprimer, amoindrir : tout ce qu'est la vie leur échappe. Chez la plupart, la foi même est morte : il ne leur reste plus que la gesticulation pieuse, les prosternements et les ornements, l'égrenage du chapelet, le ronronnement du bréviaire. Les meilleurs parmi les prêtres sont obligés de fuir l'Eglise pour trouver un asile chez les profanes, c'est-à-dire chez les confesseurs de la foi nouvelle, chez nous, anarchistes etrévolutionnaires, qui marchons vers un idéal, et qui travaillons à le réaliser. C'est en dehors de l'Eglise qui a fait faillite à tous les grands espoirs, que s'accomplit tout ce qui est grand et généreux. Et c'est en dehors d'elle, malgré elle, que les pauvres auxquels les prêtres promettaient ironiquement toutes les richesses du Paradis, conquerront enfin le bien-être de la vie présente : c'est malgré l'Eglise que se fondera la vraie Commune, la société des hommes libres verslaquelle nous ont acheminés tant de révolutions antérieures contre le prêtre et le roi."
    Elisée

     Documentaire inédit vive l'anarchie!

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